Une île de basalte qui se grimpe !

Une île de basalte qui se grimpe !

La Réunion, ses plages, ses paysages et son soleil… Dans Basalt Island, Benoît Regord et Albéric  Lemercier montrent un autre visage de l’île : une destination grimpe pas comme les autres. En effet, l’île regorge de blocs renommés mais aussi de falaises atypiques ! Des orgues basaltiques  nouvellement équipés aux blocs de très haut niveau grimpés par Oriane Bertone, laissez-vous  embarquer dans un voyage sur cette île aux qualités insoupçonnées.  

« Paroles de réal’ » avec les réalisateurs Benoît Regord (Air Libre Prod) et Albéric Lemercier  (moniteur d’escalade et de canyon à La Réunion pendant plusieurs années). 

Benoît, le film documentaire ce n’est pas votre métier à la base. Est-ce que le succès  d’Escalade Libérée a été une motivation pour vous relancer dans un nouveau projet de film ? 

Benoît : En effet, j’ai une boite de production, Air Libre Prod, avec laquelle je fais des films  touristiques, institutionnels, promotionnels avec une spécialisation drône. Je travaille notamment  beaucoup avec les tv, pour des fictions par exemple. L’Escalade Libérée était mon premier  documentaire personnel et cela faisait un moment que j’avais envie de faire ça. Albéric était venu  me filer un coup de main sur L’escalade Libérée et on avait envie de faire un autre documentaire.  Puis un jour, Albéric est venu me voir avec des photos de falaise en disant « C’est bon, on fait un  film là-dessus » ! 

Parlez-nous de ces photos qui ont été le point de départ du projet.  

Albéric : Le sujet est arrivé un peu comme une blague, autour d’une photo reçue par des amis et  des falaises nouvellement équipées à La Réunion. Le Covid a eu cet effet positif de pousser les  grimpeurs de La Réunion à aller équiper des falaises pour avoir de nouvelles voies étant donné  qu’ils étaient confinés sur l’île. D’habitude, ils vont grimper à l’étranger, à Madagascar ou en  Afrique du Sud. Quand j’ai reçu des images de ces orgues basaltiques qui sont vraiment  emblématiques et caractéristiques de la géologie de l’île, je les ai trouvées très esthétiques.  

Benoît Regord : C’est une falaise [Bras de la Plaine, visible dans le film] noire de basalte, avec des  orgues basaltiques qui sortent. Les photos sont assez impressionnantes. A partir de là, on s’est dit  que ce sont des lieux qui doivent être montrés et filmés. Alors pourquoi ne pas en profiter pour  montrer l’ensemble de ce qu’est l’escalade à La Réunion et raconter une partie de l’histoire de la  grimpe à La Réunion. 

Quel est votre but avec ce film ?  

Albéric : Quand on vient à La Réunion, on pense à faire de la randonnée, de la plongée mais pas  forcément à grimper parce qu’il fait chaud, humide. L’un des objectifs du film est d’inviter les gens  qui viennent à La Réunion à grimper. Et puis, la majorité des réunionnais ne sont quasiment pas au  courant de l’escalade sur l’île et du niveau atteint par les grimpeurs de l’île. Donc j’aimerais bien  qu’un jour le film soit diffusé à La Réunion sur une chaîne réunionnaise pour que les habitants  prennent conscience de ce qu’il se passe chez eux en terme d’escalade. On avait aussi envie de  présenter des gens de l’île qui se sont formés à l’escalade, pour aussi montrer que ce n’est pas qu’un sport de métropole.  

Benoit : On a également voulu représenter la Réunion telle qu’elle est. La diversité des paysages est étonnante et on passe parfois d’un endroit tropical à une zone qui ressemble aux Alpes pour arriver 

vers le volcan, presque lunaire. J’avais envie aussi à travers ce documentaire de montrer cette  diversité et donner envie à un large public de voir le film.  

Justement, les paysages sont magnifiques mais à quoi ressemble concrètement l’escalade à La  Réunion ?  

Albéric : La Réunion, ce n’est pas une île faite pour l’escalade à la base : le basalte ça glisse  beaucoup, il fait chaud, humide. Les conditions ne sont pas forcément celles auxquelles un  grimpeur peut s’attendre et pourtant il y a une grosse communauté active avec du haut niveau,  même en compétition. Par exemple, la falaise Bras de la plaine, c’est un endroit avec un accès  difficile, il faut marcher 1h pour arriver au pied des voies. Il y a beaucoup de voies mais c’est très  sportif. Les jeunes adorent ça car c’est typé compétition et athlétique.  

Est-ce qu’il y a encore des falaises à découvrir là-bas ? 

Albéric : Il y a encore beaucoup de falaises inexploitées mais celles exploitables en terme de  qualités de rochers ne sont pas si nombreuses. Il y a beaucoup de rochers mais souvent de qualité  médiocre. Maintenant, pour aller chercher les bonnes falaises, ce sont des accès qui vont devenir  plus compliqués. On a équipé ce qui est le plus facile d’accès pour permettre au plus grand nombre  de pratiquer. Mais tout cela donne un nouveau souffle à l’escalade sur l’île car il y a énormément de bloc et les falaises sont difficile à aller chercher.  

Donc à La Réunion, ça grimpe et bien !  

Albéric : Depuis une vingtaine d’année, La Réunion organise quasiment tous les ans une épreuve  de championnat de France de Bloc. Au niveau fédéral il y a un vrai projet d’aller au-delà du pôle  espoir, qui a de beaux résultats en compétition et qui montre le potentiel des clubs de La Réunion.  On voit dans le film Oriane [Bertone] qui était sur la Coupe du Monde à 15 ans chez les adultes et  qui est arrivée seconde sur une épreuve du championnat du monde de bloc à Séoul [du 6 au 8 mai  2022]. J’ai voulu essayer de comprendre pourquoi cette petite île isolée qui n’avait rien pour plaire  en terme d’escalade avait une telle réussite ! 

Ce film a reçu le soutien du FODACIM.

Lauréats du FODACIM 2022

Lauréats du FODACIM 2022

Les membres du comité de sélection ont choisi 15 projets de films pour être soutenus par le FODACIM cette année, sur 57 dossiers reçus. Ils se partageront une enveloppe de 37500 euros. Alpinisme, ski, escalade, parapente, base jump, mais aussi histoire, environnement, faune, sciences, il y en aura pour tous les goûts :

 Asian Paragliding Line de François Ragolski
 Bleau, la montagne éparpillée de Julien Bévillard
 Cap vers El Cap de Julia Cassou, Brian Mathé et Morgan Monchaud
 Chartreuse, les lignes invisibles de Julien Bourdat
 Conscience, la série de Gaetan Gaudissard et Alexandre Chambet
 Eternelles Montagnes ? de Mario Colonel
 Il était une fois l’Everest de Johan Andrieux
 L’esprit de cordée de François Damilano
 Le Pari de Baptiste Deturche
 Les Voies du désert d’Anaïs Mariotti
 Portraits de Base-jumpers d’Adelin Bernard
 Sous nos pieds…Les étoiles ! de Loïc Suchet
 Trois logiques de Christophe Raylat
 UTMG de Charley Radcliffe
 Vieille toi-même ! de Sylvie Arnaud

Grand Prix du FODACIM 2022

Grand Prix du FODACIM 2022

Histoire et humour au sommet !

Le Fonds d’aide au cinéma de montagne met en lumière chaque année les meilleurs films récemment soutenus par l’association. Pour cette 4e édition du Grand Prix, le jury s’est passionné pour l’histoire du métier de guide de haute montagne et s’est laissé séduire par les performances de deux grimpeurs aussi drôles qu’écolos !

Palmarès 2022

Grand Prix

Encordés, 200 ans d’histoire dans le regard des guides de Chamonix de Pierre Cadot et Thomas Guerrin (54’) : La Compagnie des Guides de Chamonix, première du genre, compte parmi ses membres fondateurs les inventeurs de l’alpinisme et du métier même de guide. Cette institution, par ses pratiques et les valeurs qu’elle incarne, a toujours eu une influence considérable sur le monde de la montagne.

>>> Projection publique d’Encordés mercredi 11 mai 2022 à 19h à l’amphithéâtre de la Maison du Tourisme de Grenoble (14 rue de la République).
Entrée : 5 euros.
Réservation conseillée.

Coup de cœur du jury

Alpine Trilogy (Doggystyle) de Brian Mathé, Damien Largeron et Morgan Monchaud (44’) : Nicolas Favresse et Sébastien Berthe parcourent 700km à vélo pour réaliser la légendaire Trilogie Alpine, composée de trois des grandes voies les plus dures des Alpes. Accompagnés de Kroux et Bintje, leurs chiens, l’humour et la performance sont aussi du voyage !

Les lauréats ont été choisis par un jury de professionnels parmi 12 films sortis en 2021. Les récompenses leur seront remises le 29 avril à Grenoble.
Depuis 2011, le FODACIM a soutenu la création et la diffusion de près de 150 documentaires consacrés à la montagne, grâce à ses membres et partenaires.

Thomas Delfino, sur les traces du loup pour son premier film

Thomas Delfino, sur les traces du loup pour son premier film

Loin des débats sur la présence de cet animal, le film s’attache à montrer la richesse de nos massifs. Entre snowboard et entretiens avec des spécialistes, Thomas Delfino propose avec « Traces » une autre vision de la montagne, celle qui prend le temps d’observer, d’apprendre et d’apprécier l’approche. Entretien avec Thomas Delfino.

« Traces » est ta première réalisation mais tu as déjà participé à des projets comme Zabardast, Shelter… Comment es-tu passé de protagoniste à réalisateur de film ?

Avec Picture [marque de vêtements outdoor], j’étais déjà moteur du projet, comme pour le film « Zabardast ». Les athlètes proposent une idée et la marque décide de financer ou pas. Pour « Zabardast », j’ai monté l’équipe, le projet et le film a été organisé avec Jérôme Tanon, réalisateur.
Pour « Traces », j’avais cette idée autour du loup depuis plusieurs années mais je ne trouvais pas les financements pour me lancer. L’argent doit servir à payer les personnes qui vont travailler sur le film. En 2021, je me suis lancé sans avoir tout l’argent nécessaire, en m’arrangeant avec l’équipe pour parfois payer avec du matériel ou en leur ouvrant d’autres opportunités.

Le processus d’écriture du film est parfois complexe pour un jeune réalisateur. Comment as-tu fait pour ton premier film ?

J’ai écrit quelques idées en amont du tournage mais créer le film après avoir tourné toutes les images a été plus compliqué. Evan Rouillard, le monteur m’a beaucoup aidé sur cette partie. Je n’avais pas écrit de scénario en amont, juste quelques idées de plans, de scènes, de ce que je voulais filmer mais pas de manière très détaillée. Le film s’est construit autour des entretiens avec les naturalistes et je ne savais pas ce qu’il allait en sortir.
Sur un autre projet, je travaille avec un ami réalisateur et on écrit beaucoup de choses à l’avance, le scénario, le storyboard… D’un côté, ça réduit ce qu’il est possible de faire sur le terrain mais de l’autre, ça cible ce qu’il faut tourner et permet d’être plus efficace. Ecrire l’histoire en avance est une bonne chose mais une fois sur place, il faut aussi pouvoir s’adapter. Pour moi c’est important de garder la spontanéité de ce qu’il va se passer sur place parce qu’on n’écrit pas une fiction.

Pour tourner un film en montagne, il faut s’adapter aux conditions météo. Comment as-tu
géré ces contraintes sur le tournage de Traces ?

Tourner un film de snowboard, d’action nous rend complètement dépendants des conditions.
L’année dernière, on a eu de la chance avec un super hiver, de la neige à 1200m ce qui était top pour le sujet du film et pour faire des séquences en forêt. Pour les images d’action, on se débrouille toujours. En ce moment par exemple, les conditions sont difficiles mais j’arrive quand même à faire des images qui donnent l’illusion d’une bonne descente.

Parmi tous les animaux qui vivent dans nos massifs, tu as choisi le loup. Pourquoi ?

Au-delà du fait que c’est un animal qui divise beaucoup, c’est le seul grand prédateur de nos montagnes, avec le lynx mais qui est encore moins visible. C’est un animal qui représente le sauvage comme aucun autre, il donne une image forte de ce monde animal. Il y a tout un imaginaire autour du loup qui est intriguant : les gens ont peur des loups mais il n’attaquera jamais un humain.

Le but était vraiment d’essayer de me rapprocher du monde sauvage avec ce projet et c’est
notamment pour ça que j’ai choisi cet animal.

Comment as-tu pensé le film par rapport aux débats qui entourent cet animal ?

J’ai préféré me concentrer sur l’animal et pas sur ce qu’il y autour. Dans le film, j’ai choisi de ne pas parler du tout d’élevage par exemple. De plus, les gens ne connaissent pas bien le loup et le film permet d’ouvrir une porte vers cet animal. L’idée était d’en apprendre plus en allant voir des personnes spécialistes du sujet, sans vouloir prendre sa défense mais pour tenter de mieux le connaître. J’ai essayé de rester en dehors du clivage « pour ou contre le loup » et de le présenter comme un animal mystique qui rôde dans la forêt.
Le public comprend que le sujet du film n’est pas le débat mais plutôt l’animal en lui-même. S’il y a des questions sur ce sujet, j’ai souvent laissé répondre Pierre Sellier ou Guillaume Collombet [photographes naturalistes] qui ont l’habitude de ces questions. Dans notre discours, on essaie de ne pas prendre position mais je comprends que la question soit difficile du côté des éleveurs.

Tourner en Belledonne et dans le Vercors c’était important pour toi ?

Le loup est aussi présent dans la région et les grenoblois ne le savent pas forcément ! Le loup est un animal difficile à apercevoir et pourtant il est là. Cette phrase revient plusieurs fois dans le film « pourtant il est là » même si on ne le voit pas. En plus, je n’avais jamais filmé dans le massif de Belledonne ni du Vercors pourtant le potentiel est énorme. C’était l’occasion de créer une histoire à la maison et de montrer des images de snowboard que les gens n’ont pas l’habitude de voir aux alentours de Grenoble. Les gens sont touchés de voir qu’il est possible de faire de jolies images dans nos massifs.

Que t’as apporté ce projet ?

Avec ce film, j’ai trouvé une nouvelle approche de la montagne. Souvent on part avec un objectif, un sommet, une ligne à rider. Ici, j’ai pu apprécier l’approche, les parties de forêts qu’on tente parfois de passer rapidement. Je prends beaucoup plus le temps, notamment de repérer les traces sur les chemins.

Ce film a reçu l’aide du FODACIM pour sa réalisation.

Voir le film sur grand écran : https://isereoutdoor.fr/fr/animation/396 

La bande-annonce : https://www.fodacim.fr/film/traces

L’équipe du film :
Julien Ferrandez – prise d’images
Evan Rouillard – montage
Arthur Vincent, Thomas Aussenac – Musique
Sound Object – Mixage Son
Pierre Antoine Gilles – Direction artistique
Jérome Tanon – Photographie
Tom Granier, Samuel Macmahon – Scènes complémentaires
Avec Pierre Sellier, Lionel Tassan, Guillaume Colombet, Ben Thomas-Javid, Victor Daviet, Antoine Marechal.

Alpine Trilogy, prix du public aux Rencontres Ciné montagne de Grenoble :  Les secrets du tournage avec le réalisateur Morgan Monchaud

Alpine Trilogy, prix du public aux Rencontres Ciné montagne de Grenoble : Les secrets du tournage avec le réalisateur Morgan Monchaud

C’est un film qui fait rire autant qu’il impressionne. Les spectateurs des Rencontres Ciné Montagne de Grenoble 2021 ne s’y sont pas trompés en lui décernant le Prix du Public. Alpine Trilogy retrace l’ascension de trois voies parmi les plus difficiles des Alpes (toutes en 8b+), par les grimpeurs belges Nicolas Favresse et Sébastien Berthe qui relient les différentes parois à vélo, accompagnés de leurs chiens. Des « boules de poils » qui justement ont été choisies comme fils conducteurs pour le film (et le clip !) réalisé par Morgan Monchaud, Brian Mathé et Damien Largeron.

Comment est née l’idée de ce film ?

Morgan Monchaud : J’avais rencontré Nicolas Favresse en 2015 au Festival du Film d’aventure de la Réunion, on avait bien sympathisé et on est resté en contact. A l’été 2020, entre deux confinements, Nicolas et Sébastien sont partis faire cette trilogie alpine (NDLR : Silbergeier en Suisse, de Der Kaiser’s neue Kleider en Autriche et End of Silence en Allemagne) avec Damien Largeron, qui est photographe et qui a aussi tourné des images. Au retour, Nicolas m’a contacté car ils avaient besoin d’aide pour réaliser le film de leur aventure. Je fais partie de l’équipe Solidream, nous avons nous-mêmes fait des films sur nos propres itinérances à vélo mais nous n’avons pas l’habitude de produire pour les autres. C’est par amitié que nous avons relevé le défi et on s’est régalé !

Comment s’est construit le film ?

Morgan Monchaud : Ils nous ont envoyé les rushes et sont venus nous voir pour nous raconter leur expérience. Il nous a tout de suite semblé que la place de leurs deux chiens était primordiale dans l’histoire, mais malheureusement ils ne les avaient pas beaucoup filmés, trop occupés à pédaler et à grimper. Donc nous leur avons proposé que ce soit les chiens qui racontent l’histoire ! Ce sont des acteurs de Montpellier qui ont doublé Kroux et Bintje.

Mais au fait, pourquoi emmener des chiens dans cette trilogie ?

Morgan Monchaud : Sébastien voulait enchainer ces trois voies mythiques depuis longtemps, mais peu avant de partir, son partenaire s’est désisté. Il a contacté Nicolas qui a accepté de l’accompagner, à condition d’emmener sa chienne qu’il ne voulait pas laisser pendant deux semaines. Du coup, Sébastien a décidé d’emmener son chien aussi. Nicolas a pu se faire prêter une carriole pour bébé, Sébastien en a bricolé une à la dernière minute pour parcourir les 400 km à vélo qui séparent les trois voies !

Vous ne craignez pas que certains défenseurs des animaux s’émeuvent de voir des chiens attachés toute la journée au pied d’une voie en attendant leurs maitres ?

Morgan Monchaud : On s’est vraiment posé la question ! Mais on pense que c’est une belle vie pour ces chiens, ils sont au grand air avec leurs maîtres. On assume ! Aucun des deux chiens n’a été blessé pendant cette trilogie.

L’humour devait lui aussi tenir une place essentielle ?

Morgan Monchaud : C’est inévitablement un film drôle car Sébastien et Nicolas font sans cesse les pitres (NDLR : Nicolas Favresse a déjà démontré ses qualités de clown musicien dans les films de ses expéditions avec Sean Villanueva, tels que China Jam https://alpinemag.fr/china-jam/). Le film est à leur image…

Sans oublier la performance ?

Morgan Monchaud : Effectivement, on voulait vraiment montrer leur performance qui est impressionnante – aucun grimpeur n’avait jamais enchaîné cette trilogie dans la même saison – mais on ne voulait pas que ce soit le point le plus important du film. On a quand même décidé d’ajouter leur ascension d’Odyssée dans la face Nord de l’Eiger (33 longueurs), qu’ils ont réalisée dans la foulée de la trilogie alors que ce n’était pas du tout prévu au programme. C’est un bonus !

Le clip d’Alpine Trilogy : https://solidream.net/clip-alpine-trilogy-doggystyle-des-pedales-nos-boules-de-poils/

Propos recueillis par Sophie Cuenot, coordinatrice du FODACIM.

Pierre Cadot, 200 ans d’histoire des guides de Chamonix racontés en 52 minutes

Pierre Cadot, 200 ans d’histoire des guides de Chamonix racontés en 52 minutes

En cette année 2021, la Compagnie des guides de Chamonix fête son bicentenaire. Comment raconter en images cette longue histoire, qui n’est pas seulement celle d’une institution mais aussi celle du métier de guide et des évolutions de l’alpinisme ? Le réalisateur Pierre Cadot s’y est attelé avec Thomas Guerrin, co-auteur du film. Encordés, 200 ans dans le regard des guides de Chamonix est programmé dans de nombreux festivals cet automne.

Avec Thomas Guerrin, tu as créé il y a cinq ans la société Yucca Films, spécialisée dans les films outdoor. Pourquoi se lancer dans une grande fresque historique ?

Pierre Cadot : Je suis né et j’ai grandi à Chamonix. Thomas et moi sommes proches de beaucoup de guides (NDLR : Pierre a notamment réalisé La Montagne des cristalliers, également soutenu par le FODACIM : https://alpinemag.fr/la-montagne-des-cristalliers/ qui suit une équipe de guides dans les recoins secrets du massif du Mont-Blanc). On savait que l’anniversaire de la Compagnie approchait et qu’elle souhaitait faire un film sur son bicentenaire. Répondre à cette demande était donc un défi très stimulant ! En creusant le sujet, je l’ai trouvé vraiment intéressant. Après mes études de cinéma à Paris, je pensais faire des films d’auteur loin des montagnes (rires), finalement ma passion pour la montagne s’est liée à mon métier. Et je me suis dit que nous pouvions apporter un regard cinématographique sur cette histoire des guides.

Est-ce difficile de travailler avec une institution comme la Compagnie des guides de Chamonix ?

Pierre Cadot : Ils nous ont fait confiance, nous n’avons eu aucune contrainte. Nous avons interviewé une quinzaine de guides de toutes les générations, nous avons eu accès à leurs archives, à celles des musées de la vallée et des spécialistes de la question.

Comment faire pour raconter 200 ans d’histoire en 52 minutes ?

Pierre Cadot : Eh bien on se stresse et on dort mal ! Ce film est assurément le plus gros défi de réalisation auquel j’ai dû faire face. J’ai lu tout ce que je pouvais sur le sujet. On s’est posé beaucoup de questions sur le plan et finalement on a fait très simple, en s’intéressant aux grands changements de regards des guides. A la fin du XVIIIe siècle, Jacques Balmat découvre que les montagnes ne sont pas maudites et c’est ce qui ouvre la voie à la première ascension du Mont-Blanc. A chaque époque, on a mis en avant les guides incontournables et les changements dans leur métier, y compris aujourd’hui avec les défis du réchauffement climatique ou de la surfréquentation auxquels ils doivent faire face. On souhaitait aussi avoir une double trame narrative entre tradition et modernité, entre film historique et film contemplatif. On a donc filmé le guide Damien Marchini et sa cliente dans leur ascension du mont Blanc par Bionassay. Les deux trames se rejoignent au sommet.

Vous avez eu recours à des images d’animation pour certaines parties historiques, pourquoi ce choix ?

Pierre Cadot : L’objectif était de faire vivre le passé en n’ayant pas uniquement recours à des gravures anciennes, qui pour certaines ont déjà été beaucoup utilisées. On a donc fait appel à la société de post-production Spacesheep à Annecy. Les dessins sont de l’illustrateur Rémi Farjaud, avec un style très pictural qui fait vraiment ressentir la puissance de la montagne. La recherche esthétique a été très importante pour nous.

Est-ce que tu penses que ce film intéressera au-delà du massif du Mont-Blanc ?

Pierre Cadot : Mon but a été de faire un film universel qui ne parle pas qu’aux Chamoniards. Il a été sélectionné dans les festivals à Grenoble, la Rochelle, dans les Pyrénées, en Autriche et il a déjà reçu un prix en Slovaquie. On espère que ce n’est que le début !

Pour voir la bande-annonce du film : https://www.fodacim.fr/film/encordes-200-ans-dhistoire-dans-le-regard-des-guides-de-chamonix/

Propos recueillis par Sophie Cuenot, coordinatrice du FODACIM

Thibaud Duchosal,  nouveau film et nouveau festival pour le skieur engagé

Thibaud Duchosal, nouveau film et nouveau festival pour le skieur engagé

« Faire bouger les lignes », voilà qui pourrait être la devise du freerider
Thibaud Duchosal. En ce mois d’octobre 2021, il sort Paradisio, un documentaire réalisé avec Laurent Jamet sur Sainte-Foy Tarentaise, commune où la mono-activité du ski est remise en question. En parallèle, Thibaud organise un nouvel événement, le Xplore Alpes Festival, du 23 au 31 octobre 2021, qui a justement pour but de dynamiser le territoire de la Haute-Tarentaise à une période plutôt calme habituellement, celle de l’automne. Un double défi comme les aime le skieur.

D’où vient l’idée de Paradisio, film dans lequel on voit de belles images de ski mais qui s’interroge aussi sur le passé et l’avenir de toute une vallée ?

Thibaud Duchosal : Depuis cinq ans, avec ma société de production Eye of the Storm, on s’efforce de s’écarter des films classiques de ski, comme par exemple avec Elbrouz, réalisé là aussi avec Laurent Jamet, où au-delà de la descente à ski de ce sommet du Caucase, on abordait la vie des habitants, l’histoire, les légendes de la région [NDLR : ce film a reçu, entre autres, un Diable d’Or au festival des Diablerets en Suisse). C’est notre marque de fabrique. Cette fois, il nous tenait à coeur de faire quelque-chose sur notre vallée de la Haute-Tarentaire. Ma mère est originaire de Sainte-Foy et j’ai grandi tout près, à Villaroger. Je suis skieur professionnel et j’aime les images de ski, mais je veux aussi amener de la culture à un public qui a priori n’est pas forcément intéressé par ces questions.

Ce film aborde très directement la crise sanitaire du Covid-19, on y voit les remontées mécaniques à l’arrêt pendant l’hiver 2021, comment vous êtes-vous adaptés à cette situation ?

Thibaud Duchosal : Ce n’était évidemment pas prévu au scénario ! Au départ, avec William Cochet, nous voulions parcourir à ski et à pied les anciens chemins des contrebandiers entre France et Italie. Mais finalement, la crise sanitaire a participé au contenu du film. Le Covid nous a montré qu’il y avait un tournant à prendre. En Haute-Tarentaise, 70% du PIB provient du tourisme. Pour les gens, si les remontées mécaniques sont fermées, la montagne est fermée. On a bien sûr besoin de ces remontées mécaniques, mais il faut se diversifier, car l’activité du ski peut être amenée à diminuer, voire à disparaitre. Sainte-Foy est intéressante à ce titre car, comme on le raconte dans le film, la station ne s’est pas autant développée que ses voisines (La Plagne, les Arcs, Tignes) mais aujourd’hui, elle est plus libre, plus agile pour aller vers un tourisme quatre saisons.

Le public est-il prêt à entendre ce discours ?

Thibaud Duchosal : Certains sont prêts, d’autres vont nous rentrer dedans, je m’y attends. Les grosses stations vont se sentir attaquées. Mais le film essaie de présenter différentes visions. Celle de William Cochet, qui est un écologiste convaincu. Mais aussi ma vision à moi qui est plus mesurée, tout comme celle d’Hervé Gaymard, le président du département de la Savoie, longuement interviewé dans le film. On veut juste ouvrir la discussion. Le Covid a permis un changement de mentalité, mais je m’attendais à davantage de réactions des acteurs. Là, j’ai l’impression qu’on est dans un énorme paquebot face à un iceberg, et que pour changer de direction et éviter la collision, c’est difficile.

Développer le tourisme quatre saisons, c’est justement l’objectif du nouveau festival que tu lances cet automne ?

Thibaud Duchosal : Le Xplore Alpes Festival vient remplacer le Winter Film Festival que nous avons organisé six ans de suite à Bourg Saint-Maurice. Dès le premier confinement, au sein de mon association, on s’est dit qu’il fallait faire bouger les curseurs. La montagne est très belle à l’automne, certaines stations attirent du monde aux vacances de la Toussaint. C’est un vrai pari car on a monté l’événement en trois mois au lieu de douze, grâce à nos bénévoles. Et embarqué douze communes avec nous. Les acteurs locaux commencent à y croire. Nous avons un programme très étoffé avec 80 films, mais aussi des activités en montagne, des conférences, des master classes… Les films seront projetés plusieurs fois dans les différentes communes participantes, ce qui permettra à chacun de les voir. Paradisio, par exemple, passera à trois reprises. On vous attend nombreux !

Pour en savoir plus sur Paradisio : https://www.fodacim.fr/film/paradisio/
Le programme du Xplore Alpes Festival : https://www.xplore-alpes-festival.com

Propos recueillis par Sophie Cuenot, coordinatrice du FODACIM

Caroline Riegel, un nouveau film avec les Semeuses de joie

Caroline Riegel, un nouveau film avec les Semeuses de joie

Leurs sourires et leur bonne humeur avaient ému des milliers de spectateurs en 2015 lors de la tournée du film Semeuses de joie. Les nonnes de Tungri, au Zanskar, sont de retour à l’écran grâce à Caroline Riegel, qui a voulu montrer leur quotidien dans une vallée isolée à 3500 mètres d’altitude. Zanskar, les promesses de l’hiver est programmé dans la plupart des festivals de films de montagnes, de voyage et d’aventure, en attendant une diffusion sur Arte dans quelques semaines.

Pourquoi avoir voulu faire un deuxième film sur ces nonnes du Zanskar ?

Caroline Riegel : Au départ, je ne voulais pas filmer, je voulais simplement passer cet hiver 2020 seule avec elles, comme il y a quinze ans lorsque je les ai rencontrées (NDLR : Caroline a appris leur langue et la parle couramment). Trois semaines avant de partir, Marianne Chaud (NDLR : ethnologue, réalisatrice et elle aussi spécialiste du Zanskar) m’a encouragée à reprendre la caméra, ce à quoi je ne m’étais pas préparée. Pour le premier film, Semeuses de joie, j’étais seule, j’emmenais ces femmes en voyage à travers l’Inde, elles qui n’avaient jamais quitté leur vallée. En rentrant, j’étais épuisée, puis il m’a fallu trois ans pour réaliser le film, que je considérais comme un outil de mémoire pour ces femmes, un outil pour communiquer et partager ce que nous avions vécu autant là-bas qu’ici. Ce film a eu une résonance inouïe. Beaucoup de spectateurs se sont sentis liés à ces nonnes, j’ai reçu des piles de lettres auxquelles je ne savais pas forcément comment répondre. Les retombées autour du film et des conférences ont aussi permis de faire beaucoup de choses à la nonnerie : construction d’une école, d’un réservoir d’eau, de cellules pour les jeunes, réparation du bâtiment principal, installation d’une centrale solaire, d’une enceinte contre les ours, d’une serre… Continuer à porter cette dynamique est essentiel pour l’avenir de la nonnerie, et je me rends bien compte que ce partage est important pour nous tous. Et puisque mon compagnon se joignait au voyage, je me suis dit : « Ok, on filme cet hiver au Zanskar, au coeur du bonheur ».

Qu’est-ce que tu as voulu raconter cette fois ?

Caroline Riegel : Ce deuxième film pose des questions complémentaires à celles abordées dans Semeuses de joie. J’ai voulu montrer la capacité des nonnes à vivre en harmonie, à nous toucher au coeur par leur regard dénué de jugement, à nourrir une intelligence collective, choses qu’on peine à faire chez nous. Les nonnes savent que la colère est un poison qui ne permet pas de prendre le dessus. Surtout elles vivent un bonheur modeste et peu destructeur. Mais je dévoile aussi la complexité de ce bonheur et de cet environnement. Non, la vie de ces femmes n’est pas facile et leur joie est le fruit d’un travail quotidien qui ancre leurs valeurs avec beaucoup de force. Se pose aussi la question de la valeur de la femme ! Ce film est un prétexte à semer leur joie, mais aussi à réfléchir, à s’inspirer d’elles.

Ton film est produit par la société Zed et sera diffusé par Arte, comment les as-tu convaincus ?

Caroline Riegel : C’est une chance inouïe qu’Arte ait accepté le film après le tournage des images. Comme pour Semeuses de joie, j’ai fait les choses à l’envers. Zed et Valérie Abita, la société de production et productrice, ont su m’accompagner avec beaucoup de professionnalisme, d’enthousiasme et de ténacité. Aujourd’hui, il y a peu de cases à la télévision pour le documentaire d’auteur et le formatage est pressant. On est frileux à porter des regards engagés sur le monde, à permettre les hors champs et c’est dommage. Je reste convaincue qu’il faut mettre l’homme face à la diversité car elle est essentielle. Qu’il faille des règles, des cadres est une évidence, mais pas d’uniformité. En même temps, je me suis sentie incapable de monter et produire ce film seule en parallèle de mon travail d’ingénieure, des projets que je mène avec l’association Thigspa à la nonnerie et du récit photographie Semeuses de joie, paru en octobre 2021. La télévision donne les moyens de travailler avec des pros, des gens à l’expérience solide et sensible qui aident à prendre du recul. Par exemple, Serge Turquier le monteur a été extraordinaire et je lui dois beaucoup pour ce film. C’est une chance de s’entourer de professionnels au regard aiguisé.

En attendant la diffusion sur Arte, est-ce important pour toi de voir le film projeté en festival ?

Caroline Riegel : Les festivals sont bien plus importants qu’il n’y parait car c’est là que le film devient véritablement un outil de rencontre, d’échange, de réflexion collective : une bulle dans laquelle les gens entrent et ressortent nourris. On ne vit pas de la même manière, dans son coeur, sa tête et son corps, l’âme d’un film regardé sur son téléphone que lorsqu’il est apprécié dans une grande salle avec une énergie collective. On ne consomme pas de la même manière l’autre et le monde lorsqu’il s’enrichit de présentiel, alors qu’il a fallu tant de temps et d’efforts pour réaliser et offrir cette bulle ! Avec l’échange qui suit la projection, on peut aller au-delà, s’interroger, se questionner, se rencontrer et partager la joie, expression du bonheur qui n’existe que dans le collectif !

Pour voir Semeuses de joie : https://alpinemag.fr/semeuses-de-joie/

Pour commander le livre Semeuses de joie et connaitre toutes les dates de projection de Zanskar, les promesses de l’hiver : https://www.carolineriegel.org

Propos recueillis par Sophie Cuenot, coordinatrice du FODACIM 

Jocelyn Chavy,  un premier film sur une championne d’escalade, Julia Chanourdie

Jocelyn Chavy, un premier film sur une championne d’escalade, Julia Chanourdie

C’est l’histoire d’un double pari réussi. Celui d’une jeune grimpeuse qui en quelques mois est devenue la troisième femme au monde à réussir une voie cotée 9b et s’est qualifiée pour les JO de Tokyo (2021). Celui aussi d’un journaliste-photographe qui a suivi Julia pendant plus de trois ans pour raconter en images sa magnifique progression.

Comment est née l’idée de ce film baptisé « Julia » ?

J.C : En mars 2017, je suis journaliste indépendant – pas encore aux manettes d’Alpine Mag avec Ulysse Lefebvre – et je photographie Julia Chanourdie au Toit de Sarre, dans le Val d’Aoste en Italie. Elle y réalise son premier 9a, sur Ground Zero, ce qui la classe déjà parmi les meilleures grimpeuses mondiales, à l’âge de 20 ans. Il faut noter que ce plafond, cet énorme dévers, faisait partie des 100 plus belles courses de Rébuffat dans le massif du Mont-Blanc, mais qu’il est devenu entre temps un laboratoire de voies extrêmes pour les grimpeurs de falaise. En avril 2018, Julia me rappelle car elle souhaite réaliser un nouveau 9a sur la falaise de Mollans-sur-Ouvèze dans la Drôme, et cette fois je sors la caméra. Aucun de nous deux ne savait où cela nous mènerait. Ce n’est pas comme un film d’expédition, avec un départ et un retour.

Comment la confiance s’est-elle installée entre vous ?

J.C : A Mollans-sur-Ouvèze, j’étais là quand elle a enchaîné son 9a, une première féminine dans cette voie de Molasse’son. Julia s’est dit que je lui portais bonheur (rires). A l’été 2018, quand elle travaille son 3e 9a à Rawyl en Suisse, je rencontre ses amis et surtout son père. Je me rends compte de la relation particulière qu’elle a avec lui. Une relation saine, qui vise à l’aider et la conseiller, sans la pousser outre mesure, contrairement à ce qu’on voit parfois dans le sport de haut niveau. Les parents de Julia géraient une salle d’escalade (Freestone) à Annecy, et c’est là que leur fille a fait ses premiers pas de grimpe, avant ses premiers pas tout court, quasiment ! Elle a commencé la compétition à 8 ans, et fin 2019, c’est l’aboutissement avec sa qualification à Toulouse pour les JO de Pékin. Une fois son ticket en poche, elle repart en falaise et le 4 novembre 2020, elle vient à bout de Eagle-4, une voie en 9b à Saint-Léger du Ventoux.

Donc j’ai eu envie de montrer à la fois cette relation très forte entre Julia et son père, le parcours d’une grimpeuse de haut niveau qui doit tout de même se battre un peu pour vivre de sa passion, et cet amour de la falaise qui ne la quitte pas malgré les médailles en compétition.

En tant que « jeune » réalisateur, comment travaille-t-on un tel sujet ?

J.C : Jimmy Chin n’était pas disponible donc c’est moi qui me suis lancé (rires) ! Plus sérieusement, Julia et son père étaient confiants dans ma connaissance du milieu, de son histoire. Techniquement, j’avais déjà réalisé des films corporate pour des marques. Pour ce qui est de tourner en paroi, j’avais les bases. Le plus dur a été de filmer Julia sur un temps très long, en respectant son calendrier, les confinements (soupirs) et sans lui mettre la pression. Quand on s’entraîne dans une voie extrêmement difficile, on n’a pas forcément envie d’avoir une caméra près de soi, un micro accroché à ses vêtements… J’ai essayé d’être prévenant, jamais invasif. Ensuite, il y a eu un gros travail d’écriture avec Hugo Clouzeau, le monteur, pour raconter ces trois années avec des scènes importantes que je n’avais pas pu filmer mais que nous avons pu récupérer grâce aux images tournées au téléphone portable par l’entourage de Julia.

 Comment Julia a-t-elle accueilli ton film ?

J.C : J’appréhendais beaucoup de lui montrer mais heureusement elle en a été très contente, de même que son père. Julia n’est pas encore très connue du grand public mais sa popularité augmente. Ce film montre une jeune femme équilibrée, qui vit comme tout le monde tout en étant l’une des meilleures grimpeuses du monde.

Propos recueillis par Sophie Cuenot, coordinatrice du FODACIM

 

Sandra Ducasse,  un premier film diffusé à la télévision

Sandra Ducasse, un premier film diffusé à la télévision

Après deux films réalisés en auto-production et destinés aux festivals, Sandra Ducasse a répondu à une commande de France 3 Auvergne Rhône-Alpes pour dresser le portrait de Marion Poitevin, en collaboration avec son compagnon Francisco Taranto Jr.

La première diffusion de Marion Poitevin, une femme tout là-haut a lieu en mars 2021 dans l’émission Chroniques d’en haut. Le documentaire est maintenant disponible en replay sur le site de la chaîne.

Comment est né ce film ?

S.D : En 2017, j’ai co-réalisé Voies féminines (https://alpinemag.fr/voies-feminines/), un documentaire qui croisait les parcours de trois femmes passionnées d’escalade et de montagne, Martina Cufar-Potard, Liz Sansoz et Marion Poitevin. France 3 m’a alors contactée pour me demander un portrait de Marion Poitevin, première femme du Groupe Militaire de Haute-Montagne (GMHM) puis première femme instructice des chasseurs alpins, et actuellement CRS de montagne, profession qu’elle est là encore la première à exercer. Pour répondre à cette commande, j’ai dû trouver un producteur, et j’ai décidé de travailler avec Jean-Claude Baumerder de Filmica Productions, qui jusque-là ne s’était jamais impliqué dans un film de montagne.

Qu’est-ce que cela change d’avoir un producteur ?

S.D : J’ai beaucoup apprécié de travailler avec lui car il me faisait des retours sur l’écriture, sous forme de « ping-pong ». Je lui envoyais mes textes et il m’adressait rapidement ses commentaires, et ainsi de suite. C’était la première fois que j’écrivais vraiment un film. Pour moi, le producteur joue aussi un rôle de protection de l’auteur vis-à-vis des exigences de la chaîne. Parler de féminisme reste compliqué (rires) ! Mais Jean-Claude exerçait aussi un regard critique : il nous a renvoyés tourner une scène qu’il trouvait ratée.

Le sujet a-t-il été compliqué à mettre en images ?

S.D : Pour mes précédents documentaires, L’art d’accoucher et Voies féminines, nous nous étions immergés pendant plusieurs mois aux côtés de nos personnages. Là, tout était davantage préparé et nous avons filmé sur une période plus courte. Nous avons dû demander de nombreuses autorisations pour accompagner Marion Poitevin dans ses missions de CRS, et nous avons été aidés en cela par le capitaine Amaury Lagroy de Croutte, malheureusement décédé depuis dans un crash d’hélicoptère en Savoie. Malgré tout, nous n’avons pas pu filmer en hélicoptère, c’est donc Marion qui a nous a rapporté des images de ses interventions grâce à une caméra GoPro.

Comment s’est organisée la post-production ?

S.D : Qui dit producteur, dit équipe de professionnels pour les étapes qui suivent la réalisation. J’ai donc travaillé avec un monteur professionnel, Hugo Clouzeau, l’un des meilleurs ! Ce n’est pas moi non plus qui ai assuré la voix-off. Mais ne pas tout faire de A à Z sur un film, c’est bien aussi ! 

Comment appréhendes-tu la diffusion télévision ?

S.D. : En auto-production, ton film est vraiment ton bébé, le voir en festival est un moment fort. Cela me fait moins d’effet qu’il passe à la télévision, et je ne sais pas s’il sera sélectionné en festival par la suite. Sera-t-il trop connoté « télévision » ? Je ne sais pas… Mais cela reste un bon tremplin pour faire d’autres films. J’ai d’ailleurs deux autres projets en cours avec Filmica productions.

 

Propos recueillis par Sophie Cuenot, coordinatrice du FODACIM

 

Le replay du film : https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/emissions/chroniques-haut/chroniques-haut-marion-poitevin-femme-haut-dimanche-7-mars-12h50-france-3-1932066.html

 

Le site de Sandra Ducasse et Francisco Taranto Jr. : https://www.fotovertical.com/fr/

 

 

Grand Prix du FODACIM 2021 Trois regards sur la montagne

Grand Prix du FODACIM 2021 Trois regards sur la montagne

Pour la 3e année consécutive, le Fonds d’aide au cinéma de montagne donne un coup de projecteur aux meilleurs films récemment soutenus. Le contexte sanitaire ne leur a pas permis d’être aussi largement diffusés qu’ils le méritent.
Il est encore temps de les découvrir !

Les lauréats ont été choisis parmi 11 films sortis en 2020, après avoir été soutenus tout au long de leur réalisation par le FODACIM. Les récompenses leur seront remises le 24 juin à Grenoble.

PALMARÈS 2021
Le Grand Prix :
Vers les monts Célestes avec Cédric Gras d’Aurélie Miquel (52’) : Une plongée au coeur de l’Asie centrale en compagnie de l’écrivain-voyageur Cédric Gras (Prix Albert Londres 2020), sur les traces des premiers alpinistes soviétiques dans les montagnes du Kirghizstan.
https://www.fodacim.fr/film/les-monts-celestes/

Les Coups de Coeur du jury :
La Dame de l’Oisans de Johan Andrieux (52’) : Pendant des années, Marie-Claude Turc a tenu « La Cordée », hôtel restaurant mythique fondé en 1907 par ses grands-parents à Saint-Christophe-en-Oisans. Autour d’elle gravite tout un microcosme montagnard.
https://www.fodacim.fr/film/la-dame-de-loisans/

Dans les pas de Lou d’Hervé Tiberghien (70’) : Un carnet à la main, un sac sur le dos et le regard curieux, Lou marche et dessine depuis toute petite. Durant l’été, nous suivons l’adolescente sur les chemins du Ladakh, où elle effectue avec sa mère une marche sauvage de deux mois.
https://www.fodacim.fr/film/dans-les-pas-de-lou/

En 10 ans, le FODACIM a soutenu la création et la diffusion de plus de 140 documentaires consacrés à la montagne, grâce à ses membres et partenaires.

Cliquer pour voir le PDF

Les 14 films soutenus par le FODACIM en 2021

Ils ont lu, regardé, réfléchi, discuté longtemps… Les 8 membres du comité de sélection du Fonds d’aide au cinéma de montagne ont sélectionné 14 dossiers de films sur les 42 reçus cette année.

Ces projets recevront :
> une aide à la création (30.000 euros distribués au total)
> une aide à la diffusion, grâce aux réseaux du FODACIM

 

Promotion 2021

  • On a marché sous la terre (Alexandre Lopez)
  • Pas si douce : quand la pollution de l’eau atteint les sommets (Dorothée Adam)
  • Marche à l’étoile au Kirghizistan (Boris Wilmart)
  • As a Pool (Maxence Page)
  • Traces (Thomas Delfino)
  • Envolée au Frêney (Rodolphe Cassan)
  • Trilogie (Brian Mathé)
  • 3 Aiguilles 3 Fils (Camille Le Guellaut)
  • Escalade sauce cannelle (Benoît Regord)
    A la cime des mers (Ulysse Lefebvre)
  • Inylchek : under the ice (Yoann Suberviolle)
  • Météorologies – Le long de la rivière Vésubie (Louise Filippi)
  • Revers gagnant (Symon Welfringer)
  • Chamonix-Zermatt non-stop (Ben Tibbetts)

Prochain appel à projet : 1er avril 2022 !

Grand Prix du FODACIM 2020

Depuis 2011, le FODACIM a soutenu la création et la diffusion de plus de 130 documentaires
consacrés à la montagne. Le Grand Prix permet chaque année de mettre en avant les dernières
productions, pour faciliter leur diffusion la plus large possible et encourager les réalisateurs à
continuer !

Le jury du Fonds d’aide au cinéma de montagne a fait son choix parmi les 12 documentaires soutenus par l’association sortis au cours de l’année 2019.

Palmarès 2020

Grand Prix :

Pathan Project de Guillaume Broust (42’)
Sur une paroi jamais gravie au fin fond du Pakistan, Nicolas Favresse, Jean-Louis Wertz, Mathieu Maynadier et Carlos Molina nous embarquent dans une aventure qui conjugue exploration, musique et bonne humeur.

Les coups de coeur du jury :

Les Belles envolées d’Anne Benoît-Janin (55’)
Au Népal, de plus en plus de femmes bravent le
poids des cultures à travers l’alpinisme. De la première à avoir atteint le sommet de l’Everest en 1993, à celles qui aujourd’hui s’attaquent aux plus hauts sommets du monde, le film fait le portrait de ces alpinistes qui « brisent le plafond de verre ».

Le Requiem de la banquise de Lionel Cariou et Eric Larose (52’)
Et si pour mieux comprendre la fonte de la banquise, il suffisait de coller son oreille sur la glace ? Le géophysicien Ludovic Moreau et son équipe se rendent à la limite du Pôle Nord, au Svalbard, un archipel où les effets du réchauffement climatique sont déjà bien visibles.

Les récompenses seront remises le 24 septembre à l’amphithéâtre de la Maison de tourisme de Grenoble en présence des membres bienfaiteurs et des partenaires du FODACIM, qui permettent à ce dispositif unique en France d’exister : Région Auvergne Rhône-Alpes, Ville de Grenoble, Fédération
Française des Clubs Alpins et de Montagne, Petzl, Banque Populaire Auvergne Rhône-Alpes, Au Vieux Campeur, Syndicat National des Guides de Montagne, Grand Chambéry Alpes Tourisme, festivals Regards d’Altitude, Explos, Retours du monde et Ciné-Cimes de Loudenvielle, Cinéma-thèque de montagne, Alpine Mag.

 

 

Lauréats FODACIM 2020 !


Après des heures de débats et de rebondissements, nous sommes heureux de vous présenter la liste des 14 lauréats 2020 !
Au total cette année : 48 dossiers étudiés et 33 000€ d’aides distribuées.
Nous avons hâte de voir tous ces films dans les festivals !

————————-

Pyrenean Backcountry (Edouard Moine)
J’ai rêvé d’Antarctique (Yvan Estienne)
Corps à Cor (Hippolyte Burkhart-Uhlen)
Première de cordée (Sandra Ducasse)
Swissway to Heaven (Guillaume Broust)
Quartiers d’été (Aude Joël)
Gaïa, solidarité des profondeurs (Tristan Godet)
Zanskar, les promesses de l’hiver (Caroline Riegel)
Le lien, 200 ans d’histoire dans le regard des guides de Chamonix (Pierre Cadot)
Chamlang (Benjamin Védrines)
J’irai atterrir chez vous : la traversée des Pyrénées (Antoine Boisselier)
Tic Tac Base (Romain Assie-Rio)
Dans les pas de Lou (Hervé Tiberghien)
Les refuges oubliés (Julien Ferrandez)

————————-

Prochain appel à projet : 1er avril 2021 !
> Déposer un dossier