Promotion 2024 : 15 nouveaux projets soutenus !

Promotion 2024 : 15 nouveaux projets soutenus !

 

Cette année, nous avons reçu 65 dossiers à notre appel à projets annuel, sur lesquels le comité de sélection en a retenu 15. Nous mettrons à jour le site internet au plus vite pour mettre en avant ces projets !

Découvrez la promo 2024 :

Ma cité au sommet de Guillaume Cocquart
Pachamama de Yannick Boissenot
Les sentinelles de la nuit de Thibaut Lacombe
Highway to Harr de Cécile Jeanmougin et Antoine Tissier
La route de Marianne Chaud
La vie d’en haut de Carole Sainsard
Alpes, sur les pas des pionnières de Zoé Lemaitre
Des équilibres de Antoine Mesnage
Wild and fly de Thibault Liebenguth et Antoine Schmidt
Tu crois qu’il va neiger ? de Axel Falguier
Comme une accroche de Nils Martin
La montagne qui chante de Tom Gineyts
Direct de l’amitié, cinquante ans après de Bertrand Delapierre et François Carrel
Passages de Charlotte Ballet-Baz et Coline Ballet-Baz

Le quinzième projet soutenu sera le projet lauréat de l’appel à Projets Montagnes et environnement mené avec Ushuaïa TV et le Chamonix film festival. Il sera annoncé le mardi 11 juin en ouverture du festival.

Grand Prix 2024 : Les conquérants de l’inutile sur les sommets et à 1000m sous terre

Grand Prix 2024 : Les conquérants de l’inutile sur les sommets et à 1000m sous terre

Le Fonds d’aide au cinéma de montagne met en lumière chaque année les meilleurs films récemment soutenus par l’association. Pour cette 6e édition du Grand Prix, le jury récompense deux films qui illustrent les aventures des conquérants de l’inutile à 1000m de profondeur comme en haute altitude. Les spéléologues et alpinistes de ces films ont choisi de relever des défis proches de chez eux, prouvant que l’aventure n’est souvent qu’à un pas !

Grand Prix

On a marché sous la terre de Alex Lopez

“On a marché sous la terre” retrace la tentative des explorateurs d’exception Cédric Lachat et David Parrot pour jonctionner le gouffre de la Fromagère avec le mythique gouffre Berger, dans le massif du Vercors. A travers des images souterraines rares et immersives, le film nous invite à partager la passion de toue*te une génération de spéléologues et questionne cette “quête de l’inutile”, ce besoin insatiable de découverte qui pousse tous les explorateurs, toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus profond…

En savoir plus sur le film ici.
Projection gratuite du film à Grenoble le 24 mai : plus d’infos et réservation ici.

 

Coup de pouce

Une belle trace de Charley Radcliffe

Juillet 2022. Deux guides de haute montagne, Frédéric Dégoulet et Benjamin Ribeyre se lancent dans un périple autour de la Mer de Glace en passant par les sommets les plus mythiques du massif du Mont-Blanc.
Cette ligne évidente sur la carte était encore inédite, bien que située dans un des massifs les plus fréquentés au monde. Après une tentative avortée en 2021, le voyage se transforme pour le duo en course contre la montre et la température, alors que la canicule sévit à travers les Alpes.

Plus d’infos sur le film ici.

2ÈME ÉDITION DU “PRIX USHUAÏA TV MONTAGNES & ENVIRONNEMENT”

2ÈME ÉDITION DU “PRIX USHUAÏA TV MONTAGNES & ENVIRONNEMENT”

Appel à projets de films pour le “Prix Ushuaïa TV Montagnes & Environnement” en partenariat avec le Chamonix Film Festival et le FODACIM.

À l’occasion de la prochaine édition du Chamonix film festival qui se déroulera du 11 au 16 juin 2024, Ushuaïa TV lance un appel à projets pour la 2ème édition du “Prix Ushuaïa TV Montagnes & Environnement“, en partenariat avec le Chamonix film festival et le FODACIM.

Une opportunité pour les réalisateurs de proposer un projet de film de 52 minutes illustrant les thématiques de la chaîne telles que la biodiversité, l’environnement ou la protection des espèces dans l’espace montagnard.

Pour participer, les candidats ont jusqu’au 31 mars 2024 pour proposer leur projet. Les modalités du concours sont consultables en ligne sur les sites ushuaiatv.fr.
Le lauréat sera annoncé lors du Chamonix film festival 2024.

⚠ L’appel à projets Montagnes et environnement et l’appel à projets annuel du FODACIM sont 2 procédures distinctes. Si vous avez un projet “Montagne et environnement” nous vous conseillons de postuler aux 2 appels à projets (le projet peut être refusé par Ushuaïa TV mais accepté par le FODACIM !).

En cas de questions, écrivez-nous : fodacim@gmail.com

Le mot de Cédric Tassan, lauréat 2023 de l’appel à projets

« Je suis très heureux d’avoir remporté cet appel à projet USHUAÏA TV – FODACIM dans le cadre du Chamonix Film Festival. Déjà car je suis un tout jeune réalisateur. Aussi car je trouve cela encourageant d’ouvrir une voie, celle de montrer que tout le monde peut avoir sa chance. En plus de cette notion sociale, il y a aussi le sujet qui me tenait à cœur. J’ai souhaité mettre en lumière les problèmes liant le Rhône à la fonte des glaciers alpins tout en expliquant simplement à quoi servent concrètement ces colosses de glace.

Comme quoi d’un simple projet sur un document PDF, la vie ouvre des chemins qui peuvent aller bien plus loin qu’un simple film ! Et dire que ce n’est pas terminé : le montage, la post prod, l’avant-première, la diffusion télé, en festival… »

Derrière l’exit : Le base jump exploré en 52 minutes

Derrière l’exit : Le base jump exploré en 52 minutes

Dans Derrière l’exit, plusieurs ambitions se croisent : faciliter la compréhension de cette pratique, porter la voix de la communauté des base jumpers et faire découvrir cette pratique finalement assez méconnue. L’exploration de cette pratique dans le film part du constat du réalisateur : « Il y a peu de contenu sur le Base jump, mais tout le monde en a entendu parler, tout le monde croit savoir ce que c’est ». Pour cette raison, Adelin Benard a choisi d’en faire un film didactique pour le grand public dans lequel les néo pratiquants comme ceux de plus longue date peuvent s’identifier !

Paroles de real avec Adelin Benard, « Derrière l’exit », un film soutenu par le FODACIM, diffusion le jeudi 21 septembre aux Icares du cinéma.

Adelin Benard, réalisateur – photo : JOK

Derrière l’exit est l’un de tes premiers films, quelle formation as-tu faite avant de te lancer ?

Je suis autodidacte. J’ai fait une reconversion professionnelle il y a quelques années pour me tourner vers le métier de cinéaste et photographe. Un peu avant cette reconversion, j’ai réalisé mon premier film : Une araignée mon plafond. C’est sur ce projet que j’ai le plus appris : à me servir d’une caméra, mais également à planifier la réalisation d’un film. J’ai également découvert ce qu’est le monde de la production et ses différentes étapes… Avec la réalisation de Derrière l’exit, j’ai notamment appris l’organisation nécessaire à un gros projet ; mais surtout à construire une ligne narrative complexe en essayant de proposer des choses un peu différentes. Il me reste encore beaucoup à apprendre dans tous les domaines.

Même si je suis capable de faire un film de bout en bout, le rendu sera toujours plus qualitatif en travaillant avec d’autres professionnels spécialisés. Pour la création musicale par exemple, elle a été portée par Marion LE DOARÉ. Je lui ai donné des directives sur les émotions, les styles que je voulais transmettre puis elle a réuni les musiciens nécessaires pour composer la musique en studio, directement sur les images. C’est grâce à eux que la bande originale est si singulière, qu’elle accompagne à la perfection le film et ce que je veux transmettre. 

Comment t-es tu lancé dans le projet de Derrière l’exit ? D’où t’es venue l’idée ?

Je pratique occasionnellement le Base jump depuis décembre 2016. Je me suis vite aperçu qu’il n’y a pas beaucoup de films sur le sujet. Assez tôt, j’ai eu l’envie, d’un jour, réaliser un film sur le sujet. C’était une sorte de fantasme. Lors de ma reconversion, j’ai eu le temps de me lancer dans ce projet, de partager sur cette discipline qui me tient à cœur.

 

“Je veux avant tout porter la voix d’une communauté plutôt que celle d’un seul athlète.”

Que voulais-tu dire de cette pratique dans le film ?

J’ai la volonté de montrer le plus objectivement et naturellement ce qu’est le Base jump pour nous, les pratiquants. C’est une palette de disciplines très variées. Le base jump ne se résume pas à sauter d’une falaise inconsciemment. C’est un peu comme le ski : il y a du ski de rando, du slalom, du saut à ski… Le base jump est riche, hétérogène et en constante évolution. Je souhaite à la fois expliquer concrètement ce qu’est le base jump mais aussi révéler la diversité de ses pratiquants. Dévoiler les hommes et les femmes qui se cachent derrière les sportif.ve.s.

Il n’y a pas de voix off dans le film, tout est raconté avec les interviews de pratiquants. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Je veux avant tout porter la voix d’une communauté plutôt que celle d’un seul athlète. Dès qu’on voit le visage d’un athlète dans un film, c’est sa voix qui est transcrite et ce n’est plus celle d’une communauté riche et diverse. Dans Derrière l’exit, je partage des témoignages et des expériences qui parfois vont dans le même sens et parfois se contredisent. On y retrouve ainsi la complexité et la richesse de la discipline et de ses pratiquants. Pour ce faire, j’ai donc sélectionné 14 athlètes, pour la diversité de leur pratique, mais également pour l’hétérogénéité de leur mode de vie. Certains ont tout arrêté pour se consacrer uniquement au base jump, d’autres sautent de manière occasionnelle comme un loisir, et d’autres ont réussi à trouver un équilibre entre leur travail et une pratique régulière. Avec tout ça, je peux avoir des interviews différentes, riches avec lesquelles j’ai essayé d’écrire le documentaire.

L’écriture d’un film comme Derrière l’exit semble complexe. Comment t’y es-tu pris ?

Un documentaire de ce type est difficile à l’écrire à l’avance. Pour y arriver, j’ai identifié les sujets dont je voulais parler, les discussions que je souhaitais avoir. Puis au fur et à mesure des interviews, les discussions se sont centrées et précisées. Cela a pris des directions qui nous semblaient, aux athlètes et à moi, plus intéressantes et pertinentes. C’était important pour moi de changer de narration et de me décaler d’une l’écriture classique.

“J’ai voulu lors de l’écriture de Derrière l’exit, expérimenter de nouvelles manières de raconter une histoire.”

Soline Kentzel escalade une voie. Elle est concentrée

Changer de narration, comment cela se traduit-il dans ton film ?

Le documentaire propose une ligne narrative originale. J’ai voulu lors de l’écriture de Derrière l’exit, expérimenter de nouvelles manières de raconter une histoire. Le film s’organise ainsi en trois narrations distinctes qui s’imbriquent. Naviguant librement de l’une à l’autre, le spectateur se retrouve alors acteur de sa propre compréhension du film. La trame principale est uniquement construite avec les témoignages audios des différents athlètes. Intimiste et spontanée, la voix off s’articule autour des thématiques et de préoccupations communes. À l’image, les deux autres narrations s’alternent. L’une, contemplative, suit le récit de cinq sauts complétement différents. L’autre a une vocation purement explicative et permet de comprendre les différentes sous-disciplines qui composent le base-jump.

Pour ce qui est de la structure : j’ai créé le film avec trois niveaux de narrations. La première, c’est la voix off. Elle dure du début à la fin et se suffit à elle-même. À l’image, il y a deux lignes narratives qui s’alternent : d’abord des petites histoires qui racontent chacune un saut, de la préparation jusqu’au posé. Et ensuite une trame explicative, un peu didactique. Je pose d’abord à l’écran une définition, une explication sur le matériel ou la discipline que j’illustre ensuite avec quelques images d’exemples. Ce qui est dit par la voix off n’a pas forcément de rapport avec l’image.

Comment as-tu fait pour que ces trames narratives ne se chevauchent pas ?

De temps en temps je fais se croiser l’audio et l’image pour garder un lien et permettre au spectateur de se reconcentrer soit sur la voix off soit sur l’image. Cela permet au spectateur d’être acteur de sa compréhension. C’est lui qui va choisir d’être plus attentif à l’une ou à l’autre des trames narratives. Le film est assez dense en informations, mais très peu en images. J’ai fait ce choix d’images lentes, car c’est la réalité de ce sport : on passe du temps à marcher, à se préparer, à plier, à rejoindre l’exit… mais le saut, lui, ne dure que deux minutes ! J’ai aussi fait attention à ce que lors des temps forts à l’image, il n’y ait pas d’audio. Et inversement, pendant les temps forts de l’audio, les images à l’écran sont plutôt calmes. Ce procédé permet de faciliter la concentration du spectateur sur ce que j’estime être plus important.

Derrière l’exit de Adelin Benard  En savoir plus sur le film
Diffusion le vendredi 27 octobre et le samedi 28 octobre au Xplore Alpes Festival

La promotion 2023 du FODACIM

La promotion 2023 du FODACIM

Le comité de sélection du FODACIM a longuement débattu pour sélectionner les 14 projets de films que nous soutiendrons cette année !

Découvrez les 14 projets lauréats :

Call Of Karakoram de Sébastien Carniato et James Price
Le futur de l’escalade de Guillaume Broust
Accrochées de Marie Lachaud
L’ascension de Lizzie Le Blond de Sophie Chaffaut
Zéro to Zéro de Christophe Angot
A perte de vue de Chloé Henry-Biabaud et Pierre Petit
La Madone de Guillaume Pierrel et Laurent Jamet
Les mystères du manteau neigeux de Aurélien Prudor
7c de Julien Ferrandez
La traversée du Denali de Alex Marchesseau et Yohann Guignard
Équilibres de Thibault Cattelain
La Traversée de Thomas en Terres Berbères de Thomas Delfino et Evan Rouillard
Ali baba en One push de Melanie Cannac

 

Le projet lauréat du Prix Ushuaïa TV Montagnes & Environnement mené avec le Chamonix film festival et le FODACIM complète cette promotion : Glaciers, la course de l’eau de Cédric Tassan.

On a marché sous la terre : Les « conquérants de l’inutile » à 1000 m de profondeur

On a marché sous la terre : Les « conquérants de l’inutile » à 1000 m de profondeur

En 2021, Cédric Lachat et David Parrot tentent de rejoindre le mythique Gouffre Berger dans le Vercors via le gouffre de la Fromagère. Cette jonction serait une première ! Mais qu’est-ce qui pousse les spéléologues à explorer ces milieux hostiles ? Alex Lopez livre un documentaire captivant autour de l’aventure de ces conquérants souterrains de l’inutile.

Paroles de real avec Alex Lopez, « On a marché sous la terre », un film soutenu par le FODACIM, diffusé le mardi 13 juin au Chamonix film festival.

Alexandre Lopez, réalisateur – photo : Andy Parant

Comment t’es venue l’idée pour ce film mêlant aventure souterraine et réflexions sur la pratique de la spéléologie ?

C’est un film que j’avais envie de faire depuis plusieurs années, je savais quels propos je voulais tenir mais je n’avais pas encore trouvé ni le lieu ni les protagonistes sur lesquels m’appuyer. A un moment, Cédric et David ont publié une vidéo dans le gouffre de la Fromagère et à ce moment là je me suis dit que tout était réuni : un gouffre mythique, deux spéléos très charismatiques et une histoire d’exploration en zone profonde avec de l’engagement.

Pour faire un film de spéléo, il faut être pratiquant ? Comment prépares-tu un tournage sous terre ?

Faire un film en milieu souterrain est inimaginable sans avoir de pré-requis techniques. Il faut pouvoir se concentrer uniquement sur l’image, l’intention de ce qu’on veut filmer. Pour pouvoir être suffisamment disponible pour le faire, il faut ne plus avoir à penser au reste, donc la spéléo.

Ensuite, il y a deux dimensions importantes pour ce tournage là : une préparation mentale, on a besoin de conscientiser l’expédition pour se préparer aux conditions hostiles, et une préparation plus pratique, pendant laquelle je vérifie tout mon matériel pour qu’il n’y ait aucune erreur possible.

Une fois sur place, est-ce que tu savais déjà ce que tu voulais filmer ? Avais-tu fait des repérages ?

Quand on fait un film pour la télévision, ce qui était mon cas, il faut écrire l’histoire avant qu’elle ne se soit déroulée. J’ai donc dû écrire un scénario avec les événements que Cédric et David pourraient rencontrer. En spéléo, l’expédition est souvent rythmée par les mêmes rebondissements narratifs et les mêmes actions. Je me suis donc basé sur des récits d’exploration pour écrire mon histoire. Ils pourraient être confrontés à une crue, à des arrêts sur des blocs coincés, à des passages rétrécis avec de la boue… A partir de là, j’étais préparé à ce que ça arrive et j’avais déjà anticipé la manière dont je filmerais chaque situation. J’ai fait le choix d’un tournage anticipé et mesuré tout en laissant évidemment une place à l’inconnu.

Qu’est-ce qui est le plus difficile quand tu suis une équipe de spéléo ?

Le plus dur, c’est quand David et Cédric sont en exploration, en première [le moment où ils découvrent une nouvelle galerie] ! A ce moment-là, l’excitation de la découverte passe au-dessus de la réalisation du film et il faut les retenir. En amont, on a mis en place un processus de tournage avec eux qu’ils oublient un peu dans ces moments-là.

Par exemple, il faut penser à contextualiser les discussions, ne pas être grossier, baisser les lampes face à la caméra, rester groupé, faire des points réguliers. Ce sont des points qu’on a décidé pour faciliter le tournage sous terre sinon c’est impossible de raconter l’histoire.

Comment as-tu fait pour suivre ces deux spéléologues aguerris ?

Mon choix sur ce film c’est que je ne voulais pas que leur rythme soit trop contraint par le tournage du film. En réalité, il est évident qu’ils m’ont attendu parfois. Mais il a été très rare que je leur demande de refaire une scène parce que j’aurais raté ma prise. C’est arrivé une seule fois dans tout le tournage. Tout le reste a été pris sur le vif.

C’est le « cinéma vérité », je me suis inspiré de Marcel Ichac qui a filmé en montagne dans les années 1950. Il disait que tout se serait passé de la même manière s’il n’avait pas été là. Ça a été mon parti pris sur ce film et c’est notamment possible grâce à Cédric et David qui sont habitués à la caméra.

“C’est le cinéma vérité, je me suis inspiré de Marcel Ichac qui a filmé en montagne dans les années 1950″

Soline Kentzel escalade une voie. Elle est concentrée

Tu fais un parallèle avec les conquérants de l’inutile dans ton film, pourquoi ce choix ?

J’ai voulu m’appuyer sur les conquêtes qui ont eu lieu dans les années 1950. En même temps qu’on parlait des sommets en Himalaya, on avait découvert le premier gouffre qui dépassait les 1000m de profondeur. Le gouffre Berger est un des rares noms resté dans la tête du grand public parce qu’il a été médiatisé à cette époque.

J’aimerais que les gens qui font de la montagne, comme ceux qui en sont éloignés, aient un regard sur la spéléo qui puisse être celui qu’on a porté depuis 50 ans sur l’alpinisme. C’est aussi ce qui a plu à Bonobo production, qui a produit le film puis qui l’a vendu à France TV (devenus coproducteurs du film). Pour eux ça avait du sens de questionner ces conquérants de l’inutile et d’avoir une approche philosophique, tout en montrant au grand public des images inédites de spéléologie.

Comment as-tu travaillé sur ce film fait pour la télévision ?

Travailler avec une société de production et une chaîne TV, ça alourdit tout le processus. Cela demande d’être capable de porter sur ses épaules un projet pour lequel on a beaucoup de comptes à rendre. Si un réalisateur veut faire un film sans contrainte, avec une liberté d’expression totale, il ne faut pas aller vers la télévision. Par contre, j’ai été soutenu du début à la fin par la société de production et les coproducteurs de la chaîne TV, qui ne m’ont jamais mis de bâton dans les roues.

Tout au long du processus il faut pouvoir argumenter tous ses choix et c’est un travail monumental. Je ne regrette pas d’avoir fait ce film avec la télévision. Mais je prépare un prochain film et je réfléchis à reprendre ce processus ou non…Disons que c’est pas quelque chose à prendre à la légère.

On a marché sous la terre de Alexandre Lopez  En savoir plus sur le film
Diffusion le mardi 13 juin 2023 au Chamonix film festival

Alpinistes et galliformes de montagne : Grand Prix du FODACIM 2023

Alpinistes et galliformes de montagne : Grand Prix du FODACIM 2023

Le Fonds d’aide au cinéma de montagne récompense chaque année les meilleurs films récemment soutenus par l’association. Pour cette 5e édition du Grand Prix, le jury récompense deux films mettant en lumière des “espèces” montagnardes très différentes : les alpinistes sur les mythiques faces nord des Alpes et les galliformes de montagne !

Grand Prix

Trilogies de Christophe Raylat

En un mois, du 12 janvier au 9 février 2022, Benjamin Védrines, Léo Billon et Sébastien Ratel ont enchainé les 3 directissimes des face nord des Grandes Jorasses, de l’Eiger et du Cervin. Trois parois de référence pour une trilogie qui a marqué l’histoire de l’alpinisme. Ce film à pour objectif de raconter leurs émotions d’alpinistes en les inscrivant dans un contexte historique.

En savoir plus sur le film ici.

Coup de coeur

Le Pari de Baptiste Deturche

Après un pari entre deux passionnés de nature, une mission s’engage. Celle de mettre en images les galliformes de montagne, ces poules vivants dans des milieux difficiles mais pas si éloignés des activités humaines. Ces espèces, bien qu’inféodées au milieu montagnard restent peu ou mal connues.

Retrouvez une interview du réalisateur ici.
Plus d’infos sur le film ici.

Cap sur El Cap : Une aventure bas-carbone haute en émotions !

Cap sur El Cap : Une aventure bas-carbone haute en émotions !

Photo Julia Cassou

Entre tempêtes, pannes de moteur et coinceurs, le film « Cap sur El Cap » retrace l’aventure de Seb Berthe, Soline Kentzel et toute l’équipe de grimpeurs-marins qui traversent l’océan Atlantique (2 fois !) pour aller escalader le célèbre El Capitan aux Etats-Unis.

Mais une formidable aventure fait-elle forcément un bon film ? Réponse avec Morgan Monchaud, l’un des réalisateurs du film.

Morgan Monchaud et Brian Mathé, réalisateurs de Cap sur El Cap

Peux-tu nous présenter Solidream qui réalise le film ?

Solidream c’est un collectif d’amis d’enfance. En 2013, en rentrant d’un voyage de 3 ans autour du monde, on a réalisé un film de 90min. Ce film a rencontré un vif succès qui nous a permis de continuer à partir à l’aventure et d’en faire des films. Jusqu’en 2017, on est partis à l’aventure et on en a fait des films. A partir de ce moment-là, on a commencé à avoir des demandes d’aides dans le travail de réalisation et production dans des films d’aventure. Nico Favresse et Seb Berthe nous ont sollicité pour leur film Alpine Trilogy. Seb est revenu vers nous pour Cap sur El Cap. On a assuré, sur ce film, tout le travail d’un réalisateur et d’un producteur.

Photo : Julia Cassou

Comment choisissez-vous les films que vous produisez ?

On choisit les projets qui sont en accord avec ce que Solidream a toujours fait : des voyages aventure, avec un minimum de moyens motorisés, aucune motivation par l’exploit, une dimension collective originale. L’état d’esprit dans lequel les gens vont vivre leur aventure nous intéresse beaucoup plus que la performance.

Qu’est ce qui vous a donné envie de produire le film Cap sur el Cap ?

La première raison honnête c’était de travailler de nouveau avec Seb Berthe. On avait travaillé avec lui sur Alpine Trilogy et c’était vraiment fluide, simple, agréable… Le deuxième point, c’est que c’est le film qui est le plus proche de notre premier film, Solidream, qui est un peu notre ADN. L’aspect collectif, le voyage au long cours et la dimension non motorisée sont les trois points qui nous ont beaucoup séduit dans le projet.

Vous n’étiez pas présents pour prendre les images. Comment s’est passé le tournage ?

On a fait une journée de formation pour leur donner les bases en tournage, les choses sur lesquelles se concentrer comme le son. Toute l’équipe était motivée pour faire le film. Julia Cassou, qui faisait partie de l’équipe, est photographe professionnelle et était intéressée pour faire des images. Pour le pur scénario, on les a encouragé à ne pas scénariser mais à filmer les choses comme elles viennent. Le but était clairement qu’ils vivent leur aventure comme elle vient et qu’ensuite on essaierait de la raconter du mieux possible.

A la réception des images, comment est-ce que vous triez les rushs ?

Au tout début du projet, on écrit une histoire, une intention de ce qu’on aimerait faire dans l’idéal. On a fait cela par rapport à ce qu’ils nous ont raconté puisqu’on a été en contact avec l’équipe pendant tout leur voyage. Ensuite, on regarde l’intégralité des rushs de leur voyage. Avec ça, on va chercher deux choses : la qualité du rush (son et image) et les rushs où il se passe des événements forts. Et on voit si on a la matière pour raconter ce qu’on veut. Il y a aussi un gros travail de remettre par écrit tout ce qui a été dit lors des interviews. Il faut trouver comment raconter l’histoire à travers leurs mots, sans mettre de voix off.Les trois points qu’on recherche c’est donc la qualité narrative lors des interviews, la qualité des images et la puissance des événements.

Et comment décidez-vous de quels moments sont importants à montrer ou non ?

On décide ensemble des événements qu’on va essayer de raconter. Par exemple on veut raconter l’ascension de Soline sur Golden Gate parce que c’est un événement fort mais il nous manque des images de qualité. En revanche on a des rushes où on entend Seb qui commente le projet de Soline, on a des images filmées au téléphone, on a des rushs avec de l’émotion véhiculée… On peut donc réussir à raconter cette ascension de façon touchante pour le spectateur. On veut construire des séquences qui correspondent à la quête des protagonistes et de notre histoire. Puis il faut qu’on arrive à les joindre les unes aux autres de façon fluide, logique dans la narration et avec un rythme qui tient le spectateur éveillé avec une alternance de rythme, d’émotions…

“Le but était clairement que l’équipe vive l’aventure comme elle vient et qu’ensuite on essaierait de la raconter du mieux possible.”

Photo : Julia Cassou

Soline Kentzel escalade une voie. Elle est concentrée

Le film est en co-production avec Ushuaïa TV, qu’est ce que ça veut dire ?

Il y a un investissement financier de la part du coproducteur et quand la coproduction est avec une chaîne TV, elle diffuse ensuite le film. Ushuaïa TV connaissait le dossier de départ donc l’intention a été validée. Ensuite, quand on travaille sur le montage du film, on le leur envoie dès qu’on a une version « correcte ». Ils nous font un retour et de notre côté on essaie de répondre à leurs attentes. Jusqu’à présent, à chaque fois qu’on a travaillé avec Ushuaïa TV, ils nous ont rarement fait des retours difficiles à modifier.

Comment on sait qu’une aventure peut donner un bon film ?

Honnêtement je ne connais pas la recette magique parce que je pense qu’il y a beaucoup d’ingrédients. Pour l’instant, on choisit les projets plutôt par rapport à notre ressenti sur l’aventure : Est-ce qu’on a envie de travailler avec ces personnes ? Est ce qu’on partage les mêmes valeurs ? Si l’envie de faire le film est forte avec le groupe en question, on va sûrement faire un meilleur film.

Est ce que les questions liées à l’environnement sont importantes quand vous produisez un film ?

Dans nos films, on ne veut surtout pas parler d’environnement de manière frontale. On a envie que ce soit présent mais sans en parler directement. Parce que des gens font des films sur ces sujets là qui sont très bons et de notre côté, ce n’est pas notre domaine. Mais c’est quand même essentiel que ce soit présent dans l’ADN de l’aventure ou du projet en question.

Photo : Julia Cassou

Cap sur El Cap de Morgan Monchaud et Brian Mathé En savoir plus sur le film
Diffusion le 16 juin 2023 au Chamonix film festival

Cinq espèces, un an, un film : « Le Pari » de Baptiste Deturche

Cinq espèces, un an, un film : « Le Pari » de Baptiste Deturche

Filmer cinq espèces de galliformes de montagnes en moins d’un an, c’est le défi que s’est lancé Baptiste Deturche, réalisateur du film « Le Pari ». Un challenge réussi car il livre début janvier un très beau film sur ces « poules » de montagne, espèces fragiles, discrètes et pas toujours faciles à filmer… Baptiste Deturche revient sur ce tournage rythmé par des battements d’ailes et des parades amoureuses.

Filmer cinq espèces de « poules » de montagne en un an, c’est une sacrée idée ! Comment en-es tu venu à faire ce film ?

Cela faisait un moment que je voulais faire un film sur les tétras lyres parce que c’est une espèce emblématique des Alpes. Et c’est aussi une des premières espèces que j’ai filmées et trouvées par moi-même. Qui dit tétras lyre dit « tétraonidés » [oiseaux de la même famille que les tétra-lyres] alors j’ai élargi à ces 5 espèces : Le tétras lyre, la gélinotte des bois, le lagopède alpin, le grand tétras, la perdrix bartavelle.

Le but était de faire un film à sortir rapidement pour parler de l’urgence de protéger ces espèces. Au final c’est en mélangeant pleins d’idées, le local, les galliformes, la montagne, la sensibilisation, que j’en suis arrivé au film « Le pari ».

Comment se forme-t-on pour être vidéaste ou photographe animalier ?

En cherchant une formation, je suis tombé sur l’IFFCAM, L’Institut francophone de formation au cinéma animalier de Ménigoute, qui propose un master unique en Europe pour se former au documentaire animalier. Avec le master j’ai fait des stages avec notamment Anne et Erik Lapied pour lesquels j’ai travaillé sur 3 de leurs films (La fabuleuse histoire du gypaète, Aigles et gypaètes les maîtres du ciel et Dessine-moi une montagne).

Quelle est la préparation pour être sûr de récupérer des images sur le terrain ?

L’organisation du tournage est un calendrier très précis ! Je connaissais déjà trois espèces, le tétras-lyre, le lagopède et la gélinotte. Etant donné que ce sont des espèces sensibles, fragiles, très discrètes, je ne pouvais pas me permettre d’aller sur le terrain et de voir ce que ça allait donner.

Tout devait être prévu à l’avance, c’est pour ça que j’ai maximisé le tournage du début à la fin du printemps parce que c’est la période de reproduction et aussi là où c’est le plus facile de les voir.Je me suis beaucoup renseigné en amont, dans la littérature, auprès de collègues photographes qui maîtrisent le sujet et j’ai aussi travaillé avec des scientifiques. Au final, ce tournage c’était beaucoup d’apprentissage, de recherches, de planning mais c’est aussi la base dès qu’on fait des images animalières.

Une fois sur place, comment as-tu filmé ces espèces ?

Pour le grand tétras et le tétras lyre, par exemple, qui sont des espèces très sensibles au dérangement, je rentrais dans ma tente la veille vers 18h et je n’en sortais pas avant le lendemain en fin de matinée. Je limite au maximum ma présence, il y a juste la tente, qui ne dérange pas les animaux. La preuve : de nombreuses fois, le tétras lyre est venu tellement proche que je n’arrivais plus à faire la mise au point. L’animal était à moins de trois mètres de la tente !

“Si je fais des films animaliers, ce n’est pas seulement pour faire des belles images. C’est surtout parce que c’est ma manière de participer à la préservation de l’environnement.”

Quelle a été la plus grosse difficulté sur le tournage ?

La difficulté aussi a été de se focaliser sur cinq espèces qui ont la réputation d’être assez compliquée à trouver. Pour te donner un exemple, le surnom de la gélinotte c’est « le fantôme des bois ». Pour la perdrix bartavelle, la gélinotte et le grand tétras, il ne me fallait pas moins d’images, j’ai eu juste ce qu’il me fallait.

A la fin du film, tu parles de l’urgence et de la nécessité de protéger ces espèces. Est-ce que c’est important pour toi de parler de la thématique environnementale quand tu fais un film ?

Si je fais des films animaliers, ce n’est pas seulement pour faire des belles images. C’est surtout parce que c’est ma manière de participer à la préservation de l’environnement, notamment en faisant de la prévention. Mon précédent film était sur le renard polaire en Scandinavie. Le public était content, j’ai adoré faire ce film mais j’avais un sentiment d’insatisfaction par rapport à la sensibilisation. Les gens étaient moins touchés parce que le film se passait loin de chez eux. J’adore nos montagnes françaises du coup j’ai voulu sensibiliser d’abord les gens autour de moi. Avec mes films, je veux donner des clés et après chacun en fait ce qu’il veut. Je fais beaucoup de projections avec les scolaires par exemple pour donner ces clés tôt. Au final, ce que je cherche avec ce film ce n’est pas à donner des leçons. je le veux un peu pédagogique, émerveillant, sensibilisateur, forcément, mais surtout pas moralisateur !

Le Pari de Baptiste Deturche, 52min. En savoir plus sur le film
Retrouvez toutes les projections sur le site du réalisateur

Gaïa, solidarité des profondeurs : un demi-siècle de secours spéléo raconté en images

Gaïa, solidarité des profondeurs : un demi-siècle de secours spéléo raconté en images

Dans les rassemblements spéléos, cela va « du jeune pratiquant néophyte au vieux spéléo qui a tellement d’arthrose qu’il ne peut plus descendre sous terre » nous raconte Bertrand Rocourt. A la 3SI, Spéléo SecourS Isère, les générations communiquent entre elles pour faire vivre cette association indispensable. L’association a fêté ses 50 ans en 2020. Dans « Gaïa, solidarité des profondeurs », Bertrand Rocourt dépeint un réseau de bénévoles  soudés, des aventures humaines et une histoire transgénérationnelle.

« Parole de réal » avec Bertrand Rocourt, réalisateur de Gaïa, solidarité des profondeurs, un film soutenu par le FODACIM.

Gaïa ne fait pas partie de vos projets habituels, quel est votre parcours ?

J’ai fait un master cinématographie en école de cinéma à Londres (NFTS, National film and Television school). Depuis, j’exerce en freelance en tant que chef opérateur sur une palette de projets assez large : de la fiction, de la publicité, du clip et du cinéma d’animation en stop motion.

De chef op’ à réalisateur, comment vous-êtes vous retrouvé à réaliser Gaïa ?

La 3SI pour ses 50 ans voulait faire un film sur la spéléo. Ils avaient beaucoup d’idées et pas mal d’envies pour marquer le coup car c’est un anniversaire important. Ils m’ont contacté à ce moment là pour faire un film car je suis aussi spéléologue et j’ai grandi dans ce milieu. J’étais partant dès le départ, parce que je fais partie de l’association et que ça m’intéressait aussi de pouvoir apporter une modeste contribution à la vie de l’association et marquer cet anniversaire.

Comment avez-vous sélectionné les histoires racontées dans le film ?

J’avais déjà des événements clés qui me paraissaient importants à mettre dans le film.
Mais je ne voulais pas faire un film chronologique. Il y a peu de dates dans le film parce
que je voulais que le fil conducteur soit l’aspect humain car c’est ce qui fait le ciment de
cette association.

A mi-chemin dans le tournage, je me suis demandé comment j’allais m’en sortir. Parce que tout est tellement riche, j’aurais pu faire un film sur un seul des personnages qui apparaît dans le documentaire ! L’idée d’avoir des chapitres dans le film a permis de débloquer la situation et de regrouper certaines thématiques. Malgré ce découpage, je voulais qu’il y ait quand même un fil conducteur général dans la production.

Est ce que la 3SI vous a aidé dans le choix des récits racontés ou c’était une vraie carte blanche ?

Connaissant très bien les anciens de la 3SI, j’ai pu m’appuyer sur leur vision des choses,
pour savoir ce qui était vraiment important de raconter. C’était un mélange de liberté et de certaines choses clés dont l’association voulait parler mais ne savait pas forcément
comment. Il fallait aussi que je parle de l’association mais sans savoir sous quel angle.
L’idée n’était en tout cas pas du tout de faire un film institutionnel.

Pour illustrer les histoires plus anciennes, vous avez utilisé des archives de l’INA dans le film.

Un gros travail de recherche a été fait dans la bibliothèque de l’INA, avec l’aide d’autres personnes de l’association. Ensuite, le film a été tourné dans un format proche du 4:3 volontairement pour qu’il y ait peu de différences visuelles entre les images d’hier et d’aujourd’hui. Le film est fait de telle sorte que les images d’archives et les images d’aujourd’hui communiquent entre elles.

Filmer sous la terre, ça doit être une sacrée préparation !

Puisque je connais le type d’exercices de la 3SI, je savais à peu près quelles images je pouvais faire mais la difficulté du tournage c’est qu’on tourne dans un milieu hostile pour le matériel avec de l’humidité, de la poussière, des étroitures.
Une autre spécificité du tournage sous terre c’est l’absence totale de lumière. Sous terre, c’est le noir absolu, sans leurs éclairages, les spéléos ne voit pas leurs mains à 2cm devant leur visage ! Je ne voulais pas que le film paraisse éclairé. Toutes les sources de lumière utilisées dans ce film ce sont les éclairages des spéléos pour que l’image retranscrive au maximum ce qu’on vit sous terre en tant que spéléo.

Le film sort à l’occasion des 50 ans de l’association 3SI, pensez-vous qu’il pourra intéresser un public plus large que les spéléologues ?

Je voulais éviter d’avoir un film spéléo pour les spéléo. Une image que peut avoir le grand public des spéléos ce sont des personnes qui enfilent des combinaisons crasseuses pour aller sous terre et ressortir encore plus crasseux. On peut se demander l’intérêt de cette pratique. Le film met les valeurs humaines, la solidarité et les histoires en résonance avec la beauté du milieu souterrain, la dimension de découverte.

Gaïa, Solidarité des profondeurs. 38′ En savoir plus sur le film

L’Or bleu des Alpes, un cri d’alarme sur nos ressources en eau douce

L’Or bleu des Alpes, un cri d’alarme sur nos ressources en eau douce

L’été caniculaire que nous venons de vivre, avec pour conséquence une grave sécheresse toujours pas résorbée, nous a rappelé à quel point l’eau douce était un bien précieux. Mais tout au sommet des montagnes, cette ressource est polluée, notamment par des micro-plastiques. Pour son film L’Or bleu des Alpes, la réalisatrice Dorothée Adam a suivi des chercheurs et des ingénieurs qui étudient cette atteinte à l’environnement. Récit d’un tournage très sportif, pour celle qui fut pendant cinq ans la réalisatrice officielle de l’Elysée, sous le mandat de François Hollande.

« Parole de réal » avec Dorothée Adam, réalisatrice de L’or bleu des alpes : Un bien menacé, un film soutenu par le FODACIM.

Avant de te lancer dans ce tournage en haute-montagne, tu as eu un parcours plutôt atypique !

Oui, j’étais dans une école de commerce, et pendant une année de césure, j’ai fait un tour du monde sur le thème du développement durable, pendant lequel j’ai beaucoup filmé. Au retour, j’ai compris que c’était ce que je voulais faire. Après une formation en réalisation documentaire, je me suis spécialisée dans les films sur l’environnement, l’enfance et la solidarité. Suite à plusieurs expéditions en Arctique, j’ai créé la série documentaire « Inua, l’âme du pôle », qui mêlait images vidéos et animation. C’est devenu ma patte. Et puis en 2012, on m’a proposé de suivre la campagne du candidat à la présidentielle François Hollande. Suite à son élection, je suis devenue réalisatrice officielle de l’Elysée ! J’ai suivi le président de la République dans le monde entier et réalisé entre autres des documentaires sur les coulisses du palais présidentiel.

Après cette expérience très particulière, comment as-tu rebondi ?

J’ai tout de suite eu envie de refaire des documentaires sur l’environnement. J’ai créé une société de production qui s’appelle Inuaprod, spécialisée dans les contenus à « impact positif ». En 2018, j’ai accompagné l’expédition scientifique Polar Quest, organisée à l’occasion des 90 ans du crash d’un dirigeable italien au Spitzberg. J’ai aussi accompagné des expéditions scientifiques à bord du voilier Nanuq au Groenland. C’est là que j’ai rencontré Frédéric Gillet, un ingénieur qui a notamment réalisé sur place des échantillonnages de micro-plastiques. Frédéric Gillet que l’on retrouve dans L’Or bleu des Alpes.

 

Justement, comment t’est venue l’idée de ce film ?

Après la mission en Arctique, Frédéric Gillet, qui dirige l’association Aqualti, a décidé de prolonger cette recherche sur les micro-plastiques dans les lacs alpins. Je l’ai accompagné tous les ans pour ces prélèvements. Puis le projet s’est élargi avec l’idée de faire des relevés au sommet du mont Blanc et au niveau des exutoires de chaque glacier du massif. Le tout sur une durée très courte de cinq jours pour pouvoir comparer les résultats, et avant le début de la haute saison de randonnée et d’alpinisme. Nous avons donc tourné en juin 2021. Je n’avais pas encore de diffuseur mais j’ai pu démarrer quand même, grâce à la confiance de la société de production Lucien TV.

Comment s’est passé ce tournage en haute montagne ?

J’avais déjà réalisé des tournages assez physiques en milieu polaire, mais pour gérer l’altitude, j’ai dû m’entraîner et même consulter un médecin du sport. Les scientifiques devaient aller vite pour réaliser leurs relevés tout autour du massif, et moi je devais les devancer ! Heureusement, un partenariat nous a permis d’avoir des vélos électriques, bien utiles à certains endroits ! J’étais équipée d’une caméra légère et de mon drone. Pour le sommet du mont Blanc, c’est Bertrand Delapierre, réalisateur très habitué à la haute altitude, qui a fait les images. Et avec le cadreur Nicolas Zimmerman, j’ai aussi tourné des séquences plus bas dans la vallée, jusqu’à Chambéry, pour suivre tout le cycle de l’eau et permettre aux spectateurs de se sentir concernés.

Ton film a été diffusé sur France 3 Auvergne Rhône-Alpes, tu as donc pu collaborer avec leurs équipes ?

Oui j’ai pu travailler pendant plus d’un mois avec un monteur, cela a permis au film d’évoluer. J’ai même tourné des séquences complémentaires alors que le montage était commencé. Nous avons aussi fait réaliser une musique originale par la compositrice Claire Mazard au fur et à mesure du montage.

Les prélèvements des scientifiques ont confirmé la présence de micro-plastiques au sommet du mont Blanc et dans l’eau qui s’écoule des glaciers. Tu n’es pas découragée par ce genre de sujets ?

Ces constats ont un côté décourageant, mais j’adore la montagne et je pense qu’en mettant en valeur un territoire, en créant de l’émerveillement, c’est comme ça qu’on protège le mieux. Même si la tendance générale est inquiétante, j’essaie de passer le relais entre le monde des scientifiques et le grand public.

L’or bleu des Alpes : Un bien menacé, 52min – En savoir plus sur le film

Le CNC, comment ça marche ?

Le CNC, comment ça marche ?

Vous avez un projet de film documentaire consacré à la montagne et vous espérez obtenir l’aide du CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée). Dans la pratique c’est souvent plus compliqué que ce qu’on espérait… Suite aux Etats généraux du cinéma de montagne organisés en janvier 2022 à Grenoble, le FODACIM a donc consulté directement le CNC pour en savoir plus.Voici les principales choses à savoir avant de se lancer (attention on ne parle ici que de documentaire) : 

1. Vous souhaitez une aide à l’écriture

Il faut se tourner vers le Fonds d’aide à l’innovation audiovisuelle :

  • Vous pouvez en tant qu’auteur faire une demande d’aide à l’écriture. Il s’agit d’un forfait fixe de 7.500 euros, réservé à l’auteur, même si une société de production est impliquée. Mais c’est une aide très sélective : seules 5 à 10% des demandes sont acceptées et il faut un dossier très écrit, avec “un parti pris artistique fort”…
  • Si vous décrochez cette aide et que vous trouvez un producteur, celui-ci pourra dans les douze mois qui suivent demander une aide au développement (13.000 euros)
  • Si vous avez un producteur dès le départ, vous pouvez demander directement l’aide au développement renforcé (50.000 euros, versés au producteur) mais là encore c’est extrêmement sélectif.

 

©Antonin Richard

2. Vous souhaitez une aide à la production

Il faut se tourner vers le Fonds de soutien audiovisuel ATTENTION : Pour demander cette catégorie d’aides, il vous faut absolument une société de production (qui peut être la vôtre ou celle d’un tiers). C’est le producteur qui fait la demande. Il existe deux types d’aide à la production :

 

2.1. L’aide sélective à la production 

Pour la demander il faut répondre à de nombreux critères, qu’on vous résume ici : 

  • Que votre producteur n’ait pas de compte automatique de soutien au CNC (voir paragraphe 2.2) ; ou alors, si votre producteur a un compte automatique, que votre futur documentaire dure moins de 45’, ou bien que le producteur apporte moins de 12.000 euros dans le projet
  • Avoir signé un contrat de diffusion avec une chaîne de télé française ou avec un “service multimédia audiovisuel” établi en France (par exemple un service de Vidéo à la demande)
  • Et bien sûr des critères artistiques : il faut une vraie trame narrative, un point de vue, etc.

Si le dossier répond bien aux critères, il a environ 60 à 70% de chance d’être retenu.  A lire également : les bons conseils d’Arnaud Hiltzer, fondateur de la société de production Hello Emotion, pour décrocher l’aide sélective à la production.

2.2. L’aide automatique à la production

Cette aide est réservée aux producteurs qui ont un “compte de soutien automatique” au CNC. Pour cela, le producteur doit avoir, dans l’année précédant la demande, produit un certain nombre d’œuvres aidées par le CNC et diffusées (après un calcul savant dont on vous fait grâce, le producteur doit arriver à un total de 80.000 euros dans le secteur documentaire). Il doit aussi avoir déjà obtenu une aide sélective à la production. C’est donc en général un producteur qui accompagne plusieurs documentaires par an et qui a les reins solides.  Le producteur qui dispose d’un compte de soutien automatique doit ensuite réinvestir les sommes qui lui sont allouées dans de nouveaux documentaires.  Il remplit un dossier pour chaque projet avec les délais suivants : au moins un mois avant la fin des prises de vue et il a trois ans pour terminer la production. 

3. Le CNC et la thématique “montagne”

Nous avons également demandé au CNC comment étaient perçus les projets de films de montagne par les membres des différentes commissions de sélection. Des projets qui mettent parfois en avant une prise de risque importante, une notion qui peut déranger le grand public et semble freiner la diffusion de ces documentaires, souvent rares à la télévision.  La chargée de mission avec qui nous avons pu discuter nous a expliqué que les jurés sont attentifs à la manière dont ces questions sont abordées dans le projet de film. Un scénario dans lequel le danger est méprisé et ne semble pas suffisamment pris en compte sera retoqué. En revanche, la notion de courage peut être valorisante.  Bon à savoir également : le CNC n’aide pas de films à caractère promotionnel. En revanche, la présence de marques ayant fourni une aide matérielle au film n’est pas rédhibitoire  

Bien construire son dossier CNC : les conseils du producteur Arnaud Hiltzer

Bien construire son dossier CNC : les conseils du producteur Arnaud Hiltzer

Arnaud Hiltzer a fondé la société de production indépendante Hello Emotion en 2015, après avoir collaboré pendant quatre ans avec le photographe et réalisateur Yann Arthus-Bertrand au sein de la Fondation GoodPlanet.

Basé entre Paris et Chamonix, il produit principalement des films “Brand Content” pour des marques et des institutions ainsi que des documentaires d’aventures pour la télévision, comme Surf the Line (avec le collectif des Flying Frenchies) ou dernièrement La Haute Route au fil des Glaciers réalisé par Christophe Raylat.

En 2020, le FODACIM a soutenu son film Vers les monts célestes avec Cédric Gras, réalisé par Aurélie Miquel (52’), film qui a également reçu le Grand Prix du FODACIM 2021.

Arnaud a demandé l’aide sélective à la production documentaire du CNC à trois reprises et l’a obtenu deux fois. Il commence donc à bien connaître les rouages de l’institution et les pièges à éviter. Il a accepté de nous livrer quelques explications et conseils au sujet de cette aide sélective à la production (à ne pas confondre avec l’aide automatique dont bénéficient certains producteurs).

FODACIM : Tout d’abord, pourquoi est-ce que cela semble si compliqué de monter un dossier pour le CNC ?

A.H : Le CNC soutient une très grande part de l’économie de l’audiovisuel en France. Comme il s’agit d’argent public, il est normal que les aides reposent sur un système bien encadré, qui peut paraître complexe au début.
C’est le rôle du producteur de gérer le dépôt d’un dossier auprès du CNC, et le réalisateur participe à l’élaboration du dossier sur la partie artistique. Faire un film est de toute façon une aventure en soi, avec ses réussites et ses difficultés. C’est pour cela que le réalisateur et le producteur doivent bien s’entendre et travailler en transparence dès le départ.

FODACIM : Comment cela fonctionne si le projet de film est porté par un auteur-réalisateur-caméraman – comme c’est souvent le cas dans le milieu du cinéma de montagne ?

A.H : C’est très fréquent, dans ce cas le réalisateur aura à la fois un contrat d’auteur et un contrat de technicien. Il aura donc une partie de sa rémunération en droits d’auteurs et l’autre partie en salaire.

FODACIM : Quelles sont les grandes étapes à suivre pour demander l’aide du CNC ?

A.H : La première étape est de construire un dossier, avec les nombreuses pièces requises : dossier artistique, budget, plan de financement, rétro-planning, note d’intention, note de production, synopsis, scénario, résumé, etc.

FODACIM : Petite parenthèse, on a parfois du mal à percevoir la différence entre synopsis et scénario…

A.H : Le synopsis est un mélange entre le résumé et le pitch du film, il va à l’essentiel. Tandis que le scénario détaille tout ce que le spectateur va voir dans le film de manière chronologique. En documentaire, il est parfois difficile d’écrire un scénario détaillé puisque l’on filme le réel et on ne sait pas à l’avance ce qu’il va se passer. Dans ce cas on va écrire ce que l’on cherche à montrer à travers son dispositif.

FODACIM : Que se passe-t-il une fois le dossier constitué ?

A.H : Le producteur cherche un diffuseur – en général une chaîne de télévision – qui rédigera une lettre d’engagement pour diffuser le film. C’est un document indispensable pour déposer un dossier auprès du CNC.

FODACIM : On envoie ensuite son dossier au CNC ?

A.H : Oui, et il faut savoir que chaque société de production a un chargé de compte au sein du CNC. C’est une personne avec qui on peut échanger si besoin. Je conseille d’ailleurs de ne pas déposer son dossier au dernier moment, mais au moins une semaine avant la date limite de dépôt pour avoir le temps de compléter son dossier en cas de pièce manquante par exemple. Les commissions se réunissent environ une fois par mois et les dates de dépôt se font en général deux mois avant. 

Bon à savoir, il existe une bibliothèque de dossiers “modèles” sur le site du CNC : .

FODACIM : Tu as porté plusieurs projets qui ont été sélectionnés par le CNC, mais tu as aussi essuyé un refus, sais-tu pourquoi ?

A.H : Oui, c’est d’ailleurs sur le film Vers les Monts Célestes avec Cédric Gras soutenu par le FODACIM ! Le scénario tel qu’il était rédigé n’a pas convaincu la commission, probablement parce que le dispositif proposé était trop original pour de la télévision.

FODACIM : Selon toi, quels types de films de montagne peuvent intéresser le CNC dans le cadre de cette aide sélective ?

A.H : Soit le sujet est incroyable, comme un événement ou une histoire qui doit vraiment être montré à la télévision, et le dossier peut facilement passer. Soit on est davantage sur un film d’auteur et dans ce cas il faut vraiment convaincre à l’écriture. Il faut garder en tête la notion de “mise en image du réel” ! Il y a tout de même un peu de concurrence alors bonne chance à toutes et à tous !