Mi-avril 2023, Helias Millerioux, Aurel Lardy, Christophe Tricou et Alex Marchesseau partent en ski de randonnée du village de Kantishna à 50 km au nord du Denali en Alaska. Avant l’avènement de l’avion, cet itinéraire était la voie normale pour rallier le plus haut sommet d’Amérique du Nord (6200 m).
En plus de cette ascension hommage aux pionniers du début de XXème siècle, les quatre chamoniards ont le désir de skier la montagne, ainsi que le Foraker, situé juste en face et qui culmine à 5300 m. La cerise sur le gâteau est la descente en eaux-vives de la Yentna river jusqu’à l’océan pacifique et retour à Anchorage.
Les 4 compères souhaitent exécuter cette traversée en autonomie. Le 19 Avril 2023, ils se mettent en route avec chacun une luge de 110 kg. En plus des 50 jours de nourriture et de tout leur matériel, ils portent chacun un petit pack raft gonflable pour la fin du voyage. Au total, Il s’agît d’une épopée de 250 km à pieds, 15000 mètres D+ puis D-, et une descente de 200 km de rivière.
Pour les vagabonds du Dénali, cette expédition n’aurait aucun sens s’ils ne prenaient pas le temps du voyage à pied, à ski puis en raft pour traverser à leur rythme cette vaste étendue. C’est dans la sauvagerie des éléments que l’on voit ressurgir l’instinct animal : s’orienter, manger, boire, dormir.
Une montagne s’apprécie pleinement lorsqu’on la travaille depuis son pied, que l’on gravit sobrement ses formes voluptueuses pour atteindre la cime avant de glisser élégamment le long de ses jambes interminables. Sans trop faire de bruit.
C’est un retour aux besoins primaires de l’homme.
Le film interroge le contraste entre le style pionnier de cette lente traversée et celui plus consumériste des ascensionnistes débarqués au camp de base en avion et présents par centaines sur les flancs du Dénali. L’ancien McKinley fait parti de la liste des 7 summits et sa voie normale devient chaque printemps la croisade des aventuriers du selfie.
La rencontre des protagonistes avec cette foule internationale révèle le décalage des approches et recentre la narration sur l’hostile réalité de la haute montagne. Au fil des rencontres, on comprend l’ampleur et la difficulté de la traversée en autonomie que la bonhommie des quatre amis avait jusqu’alors lissée.
Cette séquence interroge l’aventure de masse et l’évolution écocide des modes de consommation de la montagne. Une autre voie n’est-elle pas possible ?