Derrière l’exit : Le base jump exploré en 52 minutes

Dans Derrière l’exit, plusieurs ambitions se croisent : faciliter la compréhension de cette pratique, porter la voix de la communauté des base jumpers et faire découvrir cette pratique finalement assez méconnue. L’exploration de cette pratique dans le film part du constat du réalisateur : « Il y a peu de contenu sur le Base jump, mais tout le monde en a entendu parler, tout le monde croit savoir ce que c’est ». Pour cette raison, Adelin Benard a choisi d’en faire un film didactique pour le grand public dans lequel les néo pratiquants comme ceux de plus longue date peuvent s’identifier !

Paroles de real avec Adelin Benard, « Derrière l’exit », un film soutenu par le FODACIM, diffusion le jeudi 21 septembre aux Icares du cinéma.

Adelin Benard, réalisateur – photo : JOK

Derrière l’exit est l’un de tes premiers films, quelle formation as-tu faite avant de te lancer ?

Je suis autodidacte. J’ai fait une reconversion professionnelle il y a quelques années pour me tourner vers le métier de cinéaste et photographe. Un peu avant cette reconversion, j’ai réalisé mon premier film : Une araignée mon plafond. C’est sur ce projet que j’ai le plus appris : à me servir d’une caméra, mais également à planifier la réalisation d’un film. J’ai également découvert ce qu’est le monde de la production et ses différentes étapes… Avec la réalisation de Derrière l’exit, j’ai notamment appris l’organisation nécessaire à un gros projet ; mais surtout à construire une ligne narrative complexe en essayant de proposer des choses un peu différentes. Il me reste encore beaucoup à apprendre dans tous les domaines.

Même si je suis capable de faire un film de bout en bout, le rendu sera toujours plus qualitatif en travaillant avec d’autres professionnels spécialisés. Pour la création musicale par exemple, elle a été portée par Marion LE DOARÉ. Je lui ai donné des directives sur les émotions, les styles que je voulais transmettre puis elle a réuni les musiciens nécessaires pour composer la musique en studio, directement sur les images. C’est grâce à eux que la bande originale est si singulière, qu’elle accompagne à la perfection le film et ce que je veux transmettre. 

Comment t-es tu lancé dans le projet de Derrière l’exit ? D’où t’es venue l’idée ?

Je pratique occasionnellement le Base jump depuis décembre 2016. Je me suis vite aperçu qu’il n’y a pas beaucoup de films sur le sujet. Assez tôt, j’ai eu l’envie, d’un jour, réaliser un film sur le sujet. C’était une sorte de fantasme. Lors de ma reconversion, j’ai eu le temps de me lancer dans ce projet, de partager sur cette discipline qui me tient à cœur.

 

“Je veux avant tout porter la voix d’une communauté plutôt que celle d’un seul athlète.”

Que voulais-tu dire de cette pratique dans le film ?

J’ai la volonté de montrer le plus objectivement et naturellement ce qu’est le Base jump pour nous, les pratiquants. C’est une palette de disciplines très variées. Le base jump ne se résume pas à sauter d’une falaise inconsciemment. C’est un peu comme le ski : il y a du ski de rando, du slalom, du saut à ski… Le base jump est riche, hétérogène et en constante évolution. Je souhaite à la fois expliquer concrètement ce qu’est le base jump mais aussi révéler la diversité de ses pratiquants. Dévoiler les hommes et les femmes qui se cachent derrière les sportif.ve.s.

Il n’y a pas de voix off dans le film, tout est raconté avec les interviews de pratiquants. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Je veux avant tout porter la voix d’une communauté plutôt que celle d’un seul athlète. Dès qu’on voit le visage d’un athlète dans un film, c’est sa voix qui est transcrite et ce n’est plus celle d’une communauté riche et diverse. Dans Derrière l’exit, je partage des témoignages et des expériences qui parfois vont dans le même sens et parfois se contredisent. On y retrouve ainsi la complexité et la richesse de la discipline et de ses pratiquants. Pour ce faire, j’ai donc sélectionné 14 athlètes, pour la diversité de leur pratique, mais également pour l’hétérogénéité de leur mode de vie. Certains ont tout arrêté pour se consacrer uniquement au base jump, d’autres sautent de manière occasionnelle comme un loisir, et d’autres ont réussi à trouver un équilibre entre leur travail et une pratique régulière. Avec tout ça, je peux avoir des interviews différentes, riches avec lesquelles j’ai essayé d’écrire le documentaire.

L’écriture d’un film comme Derrière l’exit semble complexe. Comment t’y es-tu pris ?

Un documentaire de ce type est difficile à l’écrire à l’avance. Pour y arriver, j’ai identifié les sujets dont je voulais parler, les discussions que je souhaitais avoir. Puis au fur et à mesure des interviews, les discussions se sont centrées et précisées. Cela a pris des directions qui nous semblaient, aux athlètes et à moi, plus intéressantes et pertinentes. C’était important pour moi de changer de narration et de me décaler d’une l’écriture classique.

“J’ai voulu lors de l’écriture de Derrière l’exit, expérimenter de nouvelles manières de raconter une histoire.”

Soline Kentzel escalade une voie. Elle est concentrée

Changer de narration, comment cela se traduit-il dans ton film ?

Le documentaire propose une ligne narrative originale. J’ai voulu lors de l’écriture de Derrière l’exit, expérimenter de nouvelles manières de raconter une histoire. Le film s’organise ainsi en trois narrations distinctes qui s’imbriquent. Naviguant librement de l’une à l’autre, le spectateur se retrouve alors acteur de sa propre compréhension du film. La trame principale est uniquement construite avec les témoignages audios des différents athlètes. Intimiste et spontanée, la voix off s’articule autour des thématiques et de préoccupations communes. À l’image, les deux autres narrations s’alternent. L’une, contemplative, suit le récit de cinq sauts complétement différents. L’autre a une vocation purement explicative et permet de comprendre les différentes sous-disciplines qui composent le base-jump.

Pour ce qui est de la structure : j’ai créé le film avec trois niveaux de narrations. La première, c’est la voix off. Elle dure du début à la fin et se suffit à elle-même. À l’image, il y a deux lignes narratives qui s’alternent : d’abord des petites histoires qui racontent chacune un saut, de la préparation jusqu’au posé. Et ensuite une trame explicative, un peu didactique. Je pose d’abord à l’écran une définition, une explication sur le matériel ou la discipline que j’illustre ensuite avec quelques images d’exemples. Ce qui est dit par la voix off n’a pas forcément de rapport avec l’image.

Comment as-tu fait pour que ces trames narratives ne se chevauchent pas ?

De temps en temps je fais se croiser l’audio et l’image pour garder un lien et permettre au spectateur de se reconcentrer soit sur la voix off soit sur l’image. Cela permet au spectateur d’être acteur de sa compréhension. C’est lui qui va choisir d’être plus attentif à l’une ou à l’autre des trames narratives. Le film est assez dense en informations, mais très peu en images. J’ai fait ce choix d’images lentes, car c’est la réalité de ce sport : on passe du temps à marcher, à se préparer, à plier, à rejoindre l’exit… mais le saut, lui, ne dure que deux minutes ! J’ai aussi fait attention à ce que lors des temps forts à l’image, il n’y ait pas d’audio. Et inversement, pendant les temps forts de l’audio, les images à l’écran sont plutôt calmes. Ce procédé permet de faciliter la concentration du spectateur sur ce que j’estime être plus important.

Derrière l’exit de Adelin Benard  En savoir plus sur le film
Diffusion le vendredi 27 octobre et le samedi 28 octobre au Xplore Alpes Festival

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